Arawn le chasseur

Rafe avait bien failli loupé le message sur la tableau d'affichage. Mais en voyant le nom du célèbre chasseur, il avait été plus que surprit. C'était une légende dans le milieu. Certes ils ne jouaient pas dans la même cours, bien loin de là même, mais il avait déjà entendu le nom du chasseur et même certains de ses exploits. Alors quand il avait vu qu'il donnait rendez-vous ainsi, il n'avait pas pu résister. Il n'était pas bien certain de pouvoir lui apprendre grand chose mais s'il pouvait lui aussi glaner quelques informations... Se serait toujours quelques pièces du puzzles en plus ! Et ça ne se refusait pas.

Décembre était arrivé et avec lui, un froid encore un peu plus mordant. En plus de son long manteau en laine dont il remontait le col, le jeune homme portait aussi une écharpe style Burberry. Et pour une fois, Odin, son boursouf borgne, ne l'accompagnait pas. Il était rare de toute façon de voir la bestiole sortir de l'appartement dès les premiers froids arrivé. Pleine de poil mais frileuse la bestiole... Mais ce n'était pas plus mal... En approchant de la carrière, il eut un frisson. C'était un endroit un peu sinistre, dans les profondeurs de la ville et il n'aimait guère ce genre d'ambiance. Mais il prit sur lui. Après une brève inspiration et un dernier regard à la ronde, il entra dans la carrière.

Price se tenait là, assit sur une caisse, les yeux rivé sur l'entrée. Il ne pouvait pas l'avoir manqué, c'était certain. Rafe resta un instant immobile, mains dans les poches, avant de finalement se déridé un peu et sourire au chasseur. Il sorti une main de ses poches et la tendit pour saluer l'homme et se présenter.

R - Arawn Price... C'est un honneur de vous rencontrer. Rafe Everett.

Il recula légèrement et remit sa main dans sa poche, à l'abri du froid, reprenant doucement.

R - J'ai vu votre annonce sur la place du marché. Vous ne craignez pas l'arrivée inopinée de fervents défenseurs des animaux ? Ils sont plutôt nombreux ici à mon plus grand désespoir...

Un désespoir qui se dépeignait dans son ton en tout cas...

Kenneth n’est pas souvent attentif à ce qui l’entoure. Du moins en ce qui concerne les discussions des gens. Il est plutôt concentré sur ses pensées ou sur la vie animale. Mais en ce matin frais de décembre, alors qu’il vient de garer sa moto à l’entrée de la bibliothèque, il entend un nom. Un nom qu’il aurait souhaité ne pas entendre ici. Le nom d’Arawn Price. Alors en un instant il enfourche sa Triumph et repart en direction du tableau d’affichage pour en avoir le cœur net. Les rumeurs sont fondées, il sera bien là à 15 heures.

A 15 heures Kenneth était sur sa fidèle moto et descendait à vive allure dans le quartier des profondeurs. Il se faufilait sans peine tantôt en roulant sur le sol ou en défiant les lois de la gravité sur un mur pour esquiver des passants imprudents. En direction du point de rendez-vous il n’avait qu’une seule idée en tête : empêcher qu’Arawn n’assassine une créature innocente. Evidemment il ne pensait pas un seul instant agresser cet homme bien qu’il ne le portait pas dans son cœur. Il s’agissait avant tout de connaître les desseins du chasseur et de l’empêcher de venir commettre un énième crime.

Lorsqu’il arrive Kenneth aperçoit deux hommes. L’un debout, il ne le connaît pas. L’autre assis, sur une caisse, ce dernier est sans aucun doute le célèbre Arawn Price. N’étant pas d’une nature à se laisser intimider, même par un sorcier plus connu que lui, Kenneth décrit un grand cercle autour des deux hommes avec le moteur de sa Triumph qui vibre entre ses cuisses, aussi fort que cogne son cœur dans sa poitrine. Il s’arrête à l’entrée où il est arrivé, à bonne distance des deux hommes. Il descend calmement de son engin, dos aux deux hommes, retire son casque et ses lunettes de protection, les pose sur la selle, réajuste sa veste de costume marron à carreaux, il effleure sa baguette dans la poche intérieure de sa veste, tout en espérant ne pas avoir à l’utiliser, et se retourne vers eux en ajustant son nœud papillon bordeaux pour se donner de la consistance et paraître confiant.

C’est une journée un peu morne, un peu froide, venteuse comme d’habitude. Tout l’est de toute façon, depuis son départ. Mue par une énergie qu’elle sait provenir des tréfonds de son cœur, Sinéad King s’efforce d’accompagner Adrasteia dans ses pérégrinations et ses recherches. Elle qui est resté des années durant à l’écart des machinations politiques de toutes les régions du monde qu’elle a visitées, elle se trouve un intérêt nouveau pour ces mystères on ne peut moins naturels. Elle avait prêté une oreille relativement inattentive aux tribulations des uns et aux allégations des autres et les faits récents ne lui étaient parvenus que par bribes. Adra l’avait donc renseignée sur ses pistes et sur ses théories et la druidesse s’était découvert un besoin de vérité qu’elle ne se connaissait pas.

Elle a donc décidé de rejoindre le lieu de rendez-vous proposé par ce chasseur – cela va sans dire que Sinéad n’apprécie guère ce type de personnage – mais elle ne souhaite pas déclencher un esclandre cela dit. Après ses cours, elle a donc pris le chemin du quartier des profondeurs, vers la carrière. En chemin, elle se fait doubler par une moto. La silhouette et l’engin ne lui sont pas inconnus, elle n’est pas étonnée d’imaginer que Kenneth pourrait se mêler de tels événements. Elle souhaite retrouver Adra avant de se rendre réellement au point de rencontre, mais après tout, elle prend les devants, attirée comme toujours par les flux magiques dégagés par les matériaux extraits de la carrière.

Elle essaie néanmoins de réprimer cet attrait, mais ses paumes la démangent alors qu’elle aperçoit Kenneth descendre de sa moto et un petit peu plus loin, un homme qu’elle a rencontré à la bibliothèque en compagnie d’Ava. Il s’adresse au fameux chasseur, présume-t-elle. Pas encore décidée à se joindre à ces deux individus, elle se dirige vers le fougueux motard.
- Bonjour Kenneth, je m’attendais évidemment à te voir ici. La rousse sourit à son vieil ami en passant la main sur son ventre qui s’arrondit de plus en plus. A ses pieds, un caillou s’extrait du sol. Elle se penche pour le ramasser et soupire. Du cuivre, bien évidemment.

- Tu ne vas pas te joindre à eux ? demande-t-elle en désignant du menton les deux autres protagonistes.

Elle regarde autour d’elle tachant d’apercevoir sa comparse qui ne devrait plus tarder.

Entre les mots "chasseur" et "récompense", je ne savais pas vraiment lequel des deux m'avaient le plus appâté dans cette annonce. L'un ouvrait la demande, l'autre le clôturait, et très franchement, j'en avais assez rien à foutre de tout ce qui se trouvait au milieu. Le seul intérêt pour moi, était que si ce mec cherchait des infos sur les phénomènes étranges, cela voulait dire que quelques réponses devraient se pointer au rendez-vous. Des lieux, des noms. Des choses intéressantes à noter.

Au fur et à mesure que j'avançais dans les rues d'Atlantis vers la carrière de matériaux, je réfléchissais à l'excuse que j'allais devoir inventer pour expliquer ce que je foutais là. Car ça arriverait, quelqu'un, si ce n'est pas le fameux chasseur dont le nom ne me disait évidemment rien, se demanderait ce qu'un pauvre moldu viendrait foutre là. A part parler du dragon et montrer fièrement mon bobo, je ne pourrais pas en dire grand chose, des bêtes d'Atlantis ; puisque je suis à peu près sûr que pour Price, et pour les autres, les sorciers ne sont pas des créatures magiques, tandis que pour moi, si.

Devant l'entrée de la carrière, il y avait une de ces petites brises qui vous pousse à l'intérieur, vous aide à vous engouffrer dans ce qui ressemble plus à l'antre d'un démon qu'une salvation quelconque. Pourtant, je suis habitué aux lieux de ce genre, dérangeants et angoissants ; mais là, il y a un petit quelque chose qui me fout des frissons. J'avance, lentement, sans faire de bruit, et au loin je vois qu'il y a déjà plusieurs personnes à l'intérieur. Je reste en retrait derrière une des parois, ne laissant dépasser qu'une petite ombre, tout juste assez proche toutefois pour entendre ce qui se dit. Des accolades, des bonjours bien polis, "Oh, que ça me fait plaisir de te revoir" et autres conneries.

Hm. Ils ont rien de chasseurs, tous ceux-là.
A y réfléchir, c'était très certainement "récompense" qui me plaisait le plus.

xxx.

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Chapitre 6 – Arawn Price

7 décembre 2001

L

a Slave avançait d’un pas lent, d’une cadence sinueuse qui aurait presque pu donner l’impression qu’elle était sur le point de marcher vers l’arrière, avancer vers le passé, vers l’autre fois qui s’apparentait bien plus aux introductions de conte de fée que ne l’étaient ces fois, ces dernières fois. Ces fois où elle se réveillait seule durant la nuit, effrayée d’un cauchemar rocambolesque typique d’une grossesse presque à terme, simplement pour se rendre compte qu’elle ne se réveillait pas vraiment, prise au piège dans cette chimère qui perdurait depuis bien trop longtemps déjà. Et tandis que son souffle chaud se mêlait à l’air ambiant, l’infante jeta un regard derrière elle, dans l’espoir d’apercevoir une silhouette familière, celle d’un père de cœur qu’elle priait de lui venir en aide, celle d’une amie au ventre galbé avec qui elle partageait une fortune importune, une malheureuse bonne fortune aux desseins funestes surplombant un peu plus le manoir qu’elles partageaient depuis peu. Mais l’infante ne se laissa pas décevoir du néant qui se trouvait autour d’elle, ce noir sidéral qui l’enveloppait jusqu’à l’infecter au plus profond de son cœur. Et son âme goûtait le silence, et son âme pleurait la solitude. D’un faible sourire, elle caressa son ventre par habitude, haussant les épaules tandis qu’elle s’approchait un peu plus de l’endroit mentionné pour ce rendez-vous tout aussi précaire que ne l’était sa démarche. Plus qu’une dizaine de jours maintenant avant qu’ils ne pointent leurs bouts du nez. Plus qu’une dizaine de jours pour retrouver un époux disparu, pour qu’il puisse rencontrer ces petites pousses qu’il attendait si impatiemment. Et peut-être étaient-ils suffisants pour lui donner la force de s’accrocher, lui, son Roi paradoxe. Peut-être pourrait-il trouver le courage de lui revenir, s’il pensait à eux, à Calypso… À elle.

La Slave posa une main contre les parois des murs, descendant difficilement les derniers mètres qui la séparaient du fameux Arawn Price. Et si ses idées étaient déjà bien planifiées, la Rosier se surprenait à espérer y trouver sur place, l’un ou l’autre de ses amis, simplement parce que l’enjeu était si grand qu’elle tremblait de laisser passer cette opportunité entre ses doigts. Et si… et si ce chasseur pouvait l’aider à retrouver son Léandre ? Des informations, elle en avait pleins, tellement pleins, autant qu’il le souhaitait. Et elle avait levé ses aspirations si hautes, que la Rosier n’avait pas hésité à n’en encapsuler ses souvenirs à l’aide de sa pensine, comme ça, lui… le Price… Il en aurait bien plus que ce qu’il espérait et il pourrait l’aider, comme indiqué sur son annonce… Récompense possible. Encore valait-il mieux pour lui qu’il ne s’agissait pas d’un mensonge délibéré, autrement le chasseur serait bien rapidement chassé.

Et puis à peine arrivait-elle à destination, qu’elle percutait déjà un visiteur bien pressé de rebrousser chemin. Ses sourcils s’étaient froncés et sa bouche s’était entrouverte, aussi bien méfiante quant à la raison qui poussait l’inconnu de s’éclipser si subitement du point de rencontre, que de ce ventre qu’elle enveloppait systématiquement de ses bras d’un reflex protecteur. Et puis d’une œillade sur le qui-vive, la sang-pur poussa un soupire soulagé, quoi qu’elle n’était pas certaine de savoir la raison de l’apaisement à bien y songer… Si ce n’était qu’elle reconnaissait parfaitement les ourlets de cette cape, et cette odeur… « Tatiana, mais qu’est-ce que tu fais ? » Avait-elle demandé, notant une courte pause avant de se pourvoir d’un Russe pleurnichant « Tu m’as fait peur, par les sept enfers ! Pourquoi tu pars, allez… Viens, je crois voir Sinéad par là-bas ! Et puis John va sûrement bientôt arriver, on est venu pour essayer de troquer des informations au chasseur… Peut-être qu’il pourrait nous repayer en nous aidant à retrouver Léandre ! »

D’une moue suppliante, la Sorcière avait capturé les mains de sa sœur avec la ferme intention de la convaincre de rester avec elle. « C’est très important… Reste avec moi ? J’ai besoin de ma sœur… On tient peut-être notre seule chance de le retrouver… Et les jumeaux arrivent dans dix jours… Et puis de toute manière, je commence à plus savoir marcher déjà, tu ne vas pas laisser ta grande sœur mourir de froid dans les quartiers des profondeurs… Et si je tombais !? » Avait-elle surenchéri d’une voix larmoyante, inclinant la tête tandis qu’elle tentait de reprendre ce souffle qui lui manquait bien trop vivement dernièrement. Les petites poussent prenaient tellement d’espace, qu’elle n’était pas certaine s’il restait un semblant de poumon à l’intérieur.

Résumé:

La druidesse entend des pas non loin d’elle alors qu’elle discute avec l’insouciant Kenneth. Un homme qui lui est inconnu (Alistair) pénètre dans les lieux mais elle ne lui prête guère attention, occupée qu’elle est à essayer de sonder les intentions des protagonistes plus loin et à guetter son amie. Ils sont trop loin pour entendre quoi que ce soit mais elle attend que Kenneth abandonne sa moto pour venir avec elle, l’irlandaise n’est pas très rassurée car elle imagine bien que les intentions de Price ne sont pas tout à fait bonnes.

Finalement sa protégée, Tatiana, entre dans la carrière. La druidesse est interloquée de la voir ici, Adra ne l’ayant pas prévenue qu’elle les accompagnerait et si c’était le cas elle aurait absolument accompagné la jeune fille jusqu’ici. Elle s’était beaucoup attachée aux deux sœurs qui avaient tant fait pour elle depuis le décès de Derek. Néanmoins, elle n’a pas le temps d’intervenir car voilà qu’Adrasteia arrive et attrape son attention. Elle s’apprête donc à les rejoindre mais un homme arrive, se présente en tant qu’auror et la salue. Cela dit, elle n’a que faire des histoires de moto et autres objets interdits car elle est bien plus obnubilée par la présence des sœurs. Elle doit les rejoindre.

Kenneth déblatère toute une litanie de raisons qui l’ont poussé à venir en moto, mais le connaissant il est assez évident qu’il n’était pas au courant de la loi d’Atlantis à ce sujet. Sinéad ne se mêle pas de ce sujet car elle n’est pas toute blanche dans cette histoire : il lui arrive aussi de se rendre à l’université sur le dos de son Electra glide…  

- Si tu me le permets, Kenneth, je vais d’abord rejoindre mes amies juste là. Dit-elle en désignant les deux femmes un peu plus loin.

Ils sont rejoints par un homme que Sinéad connait relativement bien : le Pr Rowle qui morigène aussi le jeune Kenneth. Cet homme a un sens des lois et de l’honneur très important, il faut le lui reconnaitre. Encore une fois, pour une druidesse irlandaise qui a vécu et appris la vie dans une communauté dans une forêt, tout cela lui semble bien superflu. Elle se contente simplement de saluer l’ex-auror et de rejoindre Adra et Anya.

- Vous voilà ! Tu n’aurais pas dû venir seule, Adra. Dit-elle en voyant son amie à l’air essoufflée.

A présent qu’elles sont rejointes par John, leur groupe est au complet et ils peuvent se mêler des événements.

Je ne dis rien ni ne bouge, quand je vois une fine silhouette passer à mes côtés, sans s'arrêter. Ce n'est qu'après quelques secondes, pourtant, que je remarque que les formes de ses hanches, cette posture, tout ça m'est trop familier pour que ce soit une simple inconnue venue raconter ses histoires avec les bêtes. Je me sens soudainement inspirer lentement à mesure que je regarde Anya avancer, avec cette autre femme : je suis sûre que c'est Adra, dont elle m'a déjà parlé plusieurs fois.

Afin de me mêler un peu au groupe, car rester trop à l'écart peut être une façon bien désagréable de se faire remarquer, je m'avance en ignorant parfaitement ma camarade de jeu, jadis - même si je crêve d'envie d'aller la voir, ce n'est pas le moment, alors je me contente involontairement de la regarder avec intensité jusqu'à ce que je sois enfin assez proche de l'action du jour.
Cette moto est resplendissante, mais les Aurors qui l'accompagnent me plaisent bien moins. Je prends mon visage le plus neutre et sympathisant, puis me permets alors d'ajouter en direction du propriétaire (Kenneth) lorsque je passe à côté de lui, « Oh, un ami à moi en avait une également, elle est magnifique ! Difficile de passer de nos habitudes moldus à des régulations mixtes parfois. Vous devriez vous contenter de payer une petite amende... Mais peut-être que ces messieurs peuvent vous informer sur les limites de la loi et vous permettre ainsi d'utiliser votre moto plus librement ! » puis je balance un sourire, amère dans le fond mais doux en apparence. Je me dégoûte, parfois.

Je continue ma course vers l'homme qui nous intéresse tous, ce bon vieux Arawn Price. Il a une de ces gueules de personnage de télévision, carré avec un menton incroyablement fort. Je lui tends la main pour le saluer, en attendant patiemment qu'il ait fini ses conversations déjà entamées. « Bonjour M. Price. Je suis Alistair Gallagher. Moldu, et je viens à vous car je suis une des "victimes" d'une des créatures qui s'est déjà emparée de Manadh. Je me disais que cela pourrait aussi vous intéresser... Des points de vue moldus... ». Je n'ai pas manqué de faire un signe des mains, gigotant mes doigts, lorsque j'ai dit "victime" ; à la fois pour accentuer mon statut, appuyer dessus, mais aussi pour ne froisser personne, oh la la. Je ne voudrais pas qu'un sorcier se mette à bouder dans un coin et lance un sort à la con pour s'isoler dans un petit monde de licornes et de paillettes. Je suis sûr qu'ils peuvent faire ça, ces imbéciles.