HEADS OR TAILS

12.03.02 § ft. Alistair Fawley & Adrasteia N. Rosier

◊ ◊ ◊

C’était un bien étrange sentiment qui la traversait, alors que la journée progressait. Elle s’était réveillée avec une boule à l’estomac, mais pas tout à fait du même genre que les précédentes. Ce n’était pas vraiment de l’angoisse, ni uniquement de l’excitation. Peut-être un mélange des deux. Mais il n’y avait pas que de ça, non. Il y avait de l'appréhension, de la nervosité ; il y avait une joie profonde, un soulagement immense. Une once de regret, aussi. Une pelleté de fierté. Un désir ardent de vivre cette soirée pleinement, une envie irrévocable de rester cachée sous la couette en maugréant que c’était une mauvaise idée.

Elle s’était fait violence toute la journée durant pour s’empêcher de parler, se retenir de tout justifier. Elle s’était mordu la joue pour taire ce stress qui se témoignait par un besoin de prévenir, d'anticiper. Est-ce que c’était vraiment une bonne idée, cette rencontre ? Oui, probablement. Enfin, elle l’espérait. Ça irait. Tout irait. Et puis, elle se devait d’apaiser ses préoccupations ; à aucun moment, elle ne voulait transmettre ses appréhensions à Alistair. Elle s’était contentée de lui demander de préserver son appétit pour la soirée —ordre d’Adra— et d’émettre son opinion sur le choix de chemise. Certes, elle avait demandé à sa soeur de s’en tenir à quelque chose de convivial, de normal, mais Adrasteia restait Adrasteia. Elle avait des critères de normalité parfois... supérieurs à la moyenne.

La dualité de ses sentiments ne l’avait pas quittée, même une fois devant la porte de l’appartement. Ses mains moites et son sourire sincère trahissaient la vague de pensées qui fracassait son crâne à l’instant où elle posait la main sur la poignée. Ça va aller. Ça va aller. « Ça va aller, qu’elle lâcha doucement, le regard dirigé sur Alistair. Au final… vous êtes tous les deux de mon côté. Y a qu'ça qui compte… OK ? » Elle poussa la porte pour découvrir ce hall qu’elle arpentait moins souvent qu’auparavant, et ajouta, incapable de plus de censure : « Je te l’ai déjà dit, mais Adra peut être… extra. Mais c’est une bonne personne. Et j’lui ai demandé de pas en faire trop. » Elle referma la porte derrière eux, inspirant un grand coup. Elle franchit quelques pas dans le hall avant de s’annoncer d’une voix forte à son aînée. « Adra ! On peut entrer ? » Ses mains, désormais légèrement tremblantes, se baladaient le long des boutons de son manteau alors qu’elle murmura, d’une reconnaissance sincère : « Merci… de faire ça. C’est important pour moi, ‘fin… Ouais. Ça m’fait très plaisir. »

(c) oxymort