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 Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj

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Tatiana L. VoronkovaTatiana L. Voronkova
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Feuille de personnage
Lieu de résidence: Elle a enfin vidé son dernier carton aux Salines, dans ses appartements du logement fraternel.
Patronus: Elle ne connaît pas le sort, ni ne pourrait le réaliser correctement. Mais,si un jour elle réussit, ce sera un cygne qui volera devant elle.
Informations diverses:
MessageSujet: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyJeu 19 Juil - 1:26

Tatiana L. Voronkova
Informations civiles
Nom : Voronkova. Nom plutôt commun et répandu, il a cependant été choisi avec soin pour cacher celui qui lui revenait pourtant de droit : Raventhrone
Prénom(s) : Tatiana. Prénom russe banal qui ne suscite aucune questions, donné à une servante banale à la vie banale. Plus tard, il déviera vers Anya, mais nous y reviendront. Sa mère avait souhaité la nommer Ligeia, mais vous savez ce qu’on dit : « En train de dépérir ? Pas ton mot à dire ! »
Date de naissance : 14 janvier 1982. Née en plein milieu d’un centre psychiatrique, il a fallu que son père la voit pour croire en son existence. Mais pouvait-on vraiment lui en vouloir ? Qui aurait cru une démente qui prétendait être enceinte ?
ge actuel : 20 ans. Corps encore frais, âme vieille de plusieurs siècles. Mais son esprit, lui, oh. Corruptible comme celui d’un enfant.
Métier/études : Serveuse au Mount Helicon. Le reste de son temps est consacré à l'apprentissage de la magie et des plantes.
Alignement politique : Membre de Gloriam, à son grand malheur. Si elle a déjà adhéré à leurs idéologies, elle a désormais assez de jugeote pour trouver le groupe aberrant. La question, maintenant, est de savoir comment s'en sortir.
Lieu de résidence : Aux salines ; dans l’appartement enchanté et inhabité d’Adrasteia.
Informations Magiques
Origines : Sang-Pur. Plus de doute, désormais. Dix-neuf ans trop tard, ses pouvoirs se sont manifestés. Ce n'est qu'une question de temps avant que le monde ne s'en rende compte.
La magie en un mot : Étrangère.C'est une belle relation d'amour et de haine, qu'elle vit avec la magie.
Signe astrologique : Capricorne. Têtue comme une mule, cornée comme la chèvre.
Épouvantard : Autrefois, la prison. Aujourd'hui, la mort. Sans artifices, sans contexte. Juste son corps, gisant, sans vie.
Miroir du Riséd : Vous ne saurez pas. Elle sait qu'il n'aurait plus rien à avoir avec la musique, mais elle n'oserait pas regarder. Car son désir le plus profond, il lui appartient à elle, et rien qu'à elle.
Animal de compagnie : Aucun. Elle sait à peine se gérer elle-même.

Descriptions
Caractère de votre personnage
Ambitieuse § Bornée § Calculatrice § Discrète § Égoïste § Froide § Gracieuse § Hypocrite § Ingénieuse § Juste § Libre § Menteuse § Naïve § Orgueilleuse § Prétentieuse § Questionneuse § Réservée § Souriante § Tenace § Unique § Xénophobe § Zélée
Informations importantes
- Son anglais est d’une tristesse accablante. Après avoir quitté le manoir familial pour gagner la seconde demeure à Londres, personne n’a jamais songé à lui apprendre la langue de l’Angleterre. En plus d’être très peu stratégique, c’était aussi une véritable perte de temps. Pourquoi se forcer à éduquer une amuseuse de foule ? Elle a donc appris en écoutant les autres parler, en analysant leurs expressions et leurs élocutions, et tente au maximum de ses capacités de s’exprimer.
- Si elle sait lire et écrire le russe, elle préfère de loin lire et écrire les rythmes et les notes. Elle choisira toujours les portées avant les phrases.
- Si elle avait eu la chance d’être éduquée comme il se doit, la chimie l’aurait probablement accrochée. Les mélanges, les réactions, les substances, tout ça…
Goûts
Elle aime: Le classique, la neige, son pays, le Earl Grey, les vestes de laine, Irving, Destiny’s Child. Elle n’aime pas: La magie, la chaleur intense, les rumeurs, les faux-culs, porter un masque.
Rêves & Ambitions
Une scène, semblable à celle d’Atlantis, mais plus grande, plus grandiose. Un orchestre, semblable à celui d’Atlantis, mais qui se trouve derrière elle, qui l’accompagne. Un public, semblable à celui d’Atlantis, mais plus attentif, plus érudit, moins mixte. Elle, sous les projecteurs clairs de la salle, qui effectue son solo avec virtuosité, tandis que les yeux sont rivés sur elle, et elle seule. Elle n’est plus une accompagnatrice, elle n’est plus un vulgaire outil de divertissement qu’on ne paie pas, qu’on manipule, qu’on tente de convaincre qu’elle est bien traitée. À la maison, ses enfants dorment, sous le regard bienveillant de son mari, qui l’aurait aimée, qui l’aurait choisie. Le succès, l’amour, la famille. C’est si peu demandé, alors pourquoi est-ce si inatteignable ?


Une boutique. Elle serait petite, et faite de bois craquant, qui emplirait les narines de son odeur vieillie s'il n'en était pas des milliers de plantes sur les étagères. C'est son magasin, à elle, juste elle. Sur la devanture, on peut y lire en lettres soignées : Tatiana L. Raventhrone, Pharmapoticaire.
Tatiana L. VoronkovaTatiana L. Voronkova
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Lieu de résidence: Elle a enfin vidé son dernier carton aux Salines, dans ses appartements du logement fraternel.
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MessageSujet: Re: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyMer 15 Aoû - 18:11

Chronologie
Janvier 1982 » 14.01 - Naissance de Tatiana et supression de la mémoire d’Adrasteia.
Mai 1986 » 02.05 - Serment Inviolable avec Konstantin.
15.06 Premières leçons pour Tatiana.
Décembre 1987 » 17.12 - Autorisation de Konstantin de se mettre à la musique.
Janvier 1988 » 12.01 - Aquisition de Nikolaï.
1993 » Internation de Valerya.
Août 1995 » 02.08 - Découverte de Bartók.
Juillet 1996 » 21.07 - Fugue du manoir Raventhrone.
Août 1997 » 11.08 - Arrivée chez Gloriam, Londres.
Septembre 1997 » 02.10 - Emménagement chez Irving.
Janvier 1999 14.01 - Obtention de sa ceinture de cuir retenant ses flacons par Fiona.
Décembre 1999 » Meurtre par empoisonnement de Konstantin et Viktorya Raventhrone.
Octobre 2000 » 03.10 - Rencontre de Maurice.
» 07.10 - Arrivée à Atlantis.
» 15.10 - Premier jour à l’OSMA.
Février 2001. » 12.02 - Obtention de sa cicatrice à l’épaule gauche suite à la flamme du dragon du centre-ville.
Mars 2001. » 03.03 - Naissance de Calypso.
Avril 2001. » 21.04 - Première manifestation de pouvoirs magiques —implicite—.
Mai 2001. » 20.05 - Concert du Printemps de l'OSMA.
Juin 2001. » 03.06 - Seconde manifestation de pouvoirs magiques —explicite—.
Juillet 2001. » 02.07 - Achat de sa première baguette magique.
» X.07 - Aveu de l'entière vérité à Adrasteia.
Septembre 2001. » 03.09 - Démission de l'OSMA.
Octobre 2001. » 27.10 - Mission de Gloriam, mort de Derek et premier contact avec Alistair depuis son absence.
» 28.10 - Disparition de Léandre Rosier.
Décembre 2001. » 07.12 - Rencontre avec Arawn Price et, accessoirement, première discussion avec Alistair depuis son retour.
» 11.12 - Début de sa relation avec Alistair.
» 18.12 - Naissance des jumeaux, Gabriel et Ligeia. Elle est marraine de cette dernière.
Janvier 2002. » 02.01 - Première leçon de magie avec Oswald Prendergast.
Février 2002. » 08.02 - Bal du Sacre au nom des enfants cracmols.
» 10.02 - Aveu du secret de Theodora à Alistair.
» 14.02 - Aveu du secret de Theodora à Ella et Adrasteia.
» 16.02 - Aveu du secret de Alistair à Adrasteia.
Mars 2002. » 12.03 - Rencontre entre Alistair et Adrasteia.
RP
RP en cours : » — RP terminés : — RP abandonnés :

Décembre 2000.
 24.12 - I’m Beautiful In My Way, Cause God Makes No Mistakes — ft. Adrasteia N. Rosier
Dans l’appartement de l’aînée de soeurs Raventhrone, les deux jeunes femmes s’occupent à installer Anya, se noyant quelque peu dans la nostalgie.
25.12 - Say Amen — ft. Libre
Une foule d’invités, deux époux, un mariage. Qu’est-ce qui pourrait bien dérapper?

Janvier 2001.
19.01 - Shut Up And Take My Plants — ft. Ella Kvelgen
Pour réaprovisionner ses résèrves, Anya planifie de s’introduire dans les serres de l’UPA la nuit tombée. Mais elle n’est pas la seule à y passer sa soirée...

Février 2001.
04-05.02 - I’m Just Like You, You’re Just Like Me — ft. Alistair Fawley
Deux personnes complètement différentes qui se rencontrent pour la première fois pour réaliser qu’au fond, ils sont pareils.
12.02 - Fire Is Catching — ft. Event
Un dragon. Dans Atlantis. Tout est réel. Rien n’est faux. Et encore moins la brûlure sur son épaule.
15.02 - Follow Your Instincts — ft. Ella Kvelgen & Charlotte Moore
Suite aux événements survenus quelques jours plus tôt, l’étrange trio scrute le centre-ville d’Atlantis, à la recherche déséspérée d’indices.

Mars 2001.
03.03 - Who Took the Jam Outta Your Donuts — ft. Alistair Fawley & Charlotte Moore
Un hôpital bondé, deux amis confus et mitigés, trois brûlés perturbés. Quoi de mieux ?
23.03 - Music Is A Medecine To All Beasts — ft. Ella Kvelgen
Il faut tourner la page. Cette vie clandestine, c’est fini. Véritablement terminé. Mais pour aller au bout du chemin, il faut du soutien, de la motivation. Et ça se ne trouve pas seul.

Avril 2001.

15.04 - Où l’on entend crier les loups — ft. Vassili A. Sterenko
Deux amis d’il y a longtemps, deux amis au passé partagé, au futur divisé. La réunion de deux âmes perdues, la fusion de deux enfants perdus.
21.04 - Paganini Variations for two violins, Op 77 — ft. Draco Malfoy
Une erreur, fort probablement. Il ne peut s’agir que d’une erreur. Quelle autre explication pourrait-on donner à un tel phénomène ?

Juin 2001.
03.06 - L’exposition MacLean — ft. Event
Une fois de plus, elle avait frôlé la mort face à quelque chose d’inexplicable, d’inconnu. La prochaine fois, elle ne sort pas. Elle ne sort plus.

Juillet 2001.
02.07 - Magic Always Comes With A Price — ft. Ella Kvelgen
La fille de tout le monde, la fille de personne. À nouveau, elle a un pied entre les deux mondes, mais cette fois, c’est différent. Le vent à tourné. Le destin a parlé.
  X.07 - Down the Path — ft. Ella Kvelgen, Adrasteia N. Rosier
Une surprise, deux surprises, trois surprises ! Vous désirez des surprises ! En voilà, tiens !
  23.07 - Games of Mind — ft. Theodora Knight
Deux femmes, désirant chacune quelque chose que l’autre peut lui offrir. Deux femmes qui auraient préféré s’éviter pour toujours se confrontent enfin, pour la première fois. Et certainement pas pour la dernière.
  28.07 - Way Of the World — ft. Cirice Podmore
Démon ou diablesse ? Réelle ou fantômique ? Cette femme, cette Cirice, est un mystère qu’Anya aurait préféré éviter.

Octobre 2001. 27.10 - Quête Damoclès ; part I — ft. Alistair Fawley ,  part II — ft. Matt Clickerly, Alden O. Lauriel, Shawn Faraday, Alistair Falwey , part III — ft. Derek Knight
Une mission qu'elle a accepté pour continuer de prétendre. Une mission, pourtant, qui la chamboulerait plus qu'elle ne l'aurait cru...

Novembre 2001. 04.11 - Hey, Little Songbird — ft. Adrasteia N. Rosier, Oswald Prendergast
La rencontre avec Peurdegast. Elle ne comprend pas l'intérêt de faire affaire avec lui, mais eh, les histoire de dynasties...

Décembre 2001. 07.12 - Intrigue ; Arawn Price — ft. Libre
Elle s'y était rendu pour offrir le peu d'informations qu'elle connaissait, et en était ressortie blessée, frustrée, écœurée. De ce qu'elle était, du reste du monde.
11.12 - puzzle. — ft. Alistair Fawley
Une vague de révélations risquées, d’actions audacieuses. La soirée qu’elle redoutait le plus ; la nuit qu’elle n’oubliera jamais. Il était de son côté.

Janvier 2002.» 02.01 - Knowledge is power — ft. Oswald Prendergast
Sa toute première leçon avec le vieux dramatique. Elle préférait de loin apprendre avec Ella ; c'était plus agréable.
» 16.01 - We could be enough — ft. Adrasteia N. Rosier
Deux soeurs perdues au milieu d'un salon trop grand, maudites de leur incapacité à être heureuses en même temps.

Février 2002.» 08.02 - Infra Ophiuchus — ft. Everyone
X.
» 14.02 - Stupid Cupid — ft. Ella Kvelgen, Adrasteia N. Rosier
X

Mars 2002. » 12.03 - Heads or Tails — ft. Adrasteia N. Rosier, Alistair Fawley
Juste un dîner normal, pour une rencontre normale, au sein d'une famille normale. Qu'est-ce qui pourrait mal tourner ?

Avril 2002. » 03.04 - Désolé pour hier soir — ft. Finn W. Bowman
X.
» 05.04 - Helpless — ft. Ella Kvelgen
X
Sorts acquis
» Fire-Making Spell (Incendio) - Toujours en entraînement
» Lévitation (Wingardium Leviosa)
» Verrou (Colloportus)
» Réparation (Reparo)
» Tranchage (Diffindo)
» Adoucissement(Spongify)
» Déverrouillage (Alohomora)
» Crottes de nez (Mucus Ad Nauseam)
» Étincelles vertes (--)
» Repoustout (Flipendo) - Toujours en entraînement
» Écran de fumée (Fumos) - Toujours en entraînement
» Noirceur (Nox)
» Lumière (Lumos)
» Inversion de métamorphose (Reparifarge) - Toujours en entraînement
» Sortilège d'extension (Capacious extremis) - Maîtrisé à l'échelle d'un sac à main, toujours en entraînement pour une plus grande surface
» Désarmement (Expelliarmus)
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Lieu de résidence: Elle a enfin vidé son dernier carton aux Salines, dans ses appartements du logement fraternel.
Patronus: Elle ne connaît pas le sort, ni ne pourrait le réaliser correctement. Mais,si un jour elle réussit, ce sera un cygne qui volera devant elle.
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MessageSujet: Re: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyDim 1 Déc - 21:55

Table des matières
» 01.09.01 - La fin d'une époque
» 27.10.01 - Quand la nuit tombe
» 29.11.01 - Papier mâché et mots cassés
» 11.02.02 - Le pleur du coq
Tatiana L. VoronkovaTatiana L. Voronkova
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MessageSujet: Re: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyDim 1 Déc - 22:49

I. La fin d'une époque


Juin avait été clément avec l’orchestre. Un mois de vacances, un mois de répit pour tous les musiciens qui, depuis des mois, avaient offert leur âme à leur instrument en vue du concert du printemps. Trente jours de paix, trente jours de libération. Trente jours où Michelle avait probablement levé les voiles pour la Floride, là où s’était posée la famille de son copain. Trente jours où Maurice, atteignant la fin de sa carrière, avait probablement étudié les vagues qui s’écrasaient contre la roche érodée de Manadh. Trente jours que Anya, satisfaite de son travail, aurait comblé d’un vide paisible. Où elle aurait cherché à améliorer son anglais, à trouver le courage d’être la première qui briserait le silence entre Irving et elle, à observer la petite Calypso grandir. Et pourtant, elle avait passé le mois seule, enfermée. S’infligeant elle-même le châtiment que lui avait réservé son père, toute son enfance durant, persuadée qu’elle ne méritait même pas de mettre le nez dehors. Juin l’avait hantée de ses angoisses. Juin l’avait étouffée de ses chaleurs. Juin lui avait fait douté de ses relations ; de ses amis, de son peu de famille. Juin avait été son purgatoire.

Puis juillet avait pointé le bout de son nez, avec un vent nouveau d’espoir. Une main tendue, une visage familier, un soutien inconditionnel. Juillet, c’était Ella. Juillet, c’était Adra. C’était un mois où les craintes se dissipaient peu à peu, bien que toujours alertes, prêtes à la frapper en pleine nuit, à lui tordre le ventre et à lui serrer la gorge lorsqu’elle osait fermer les yeux. Malgré tout, juillet était le mois des apprentissages, du changement. Entièrement dédiée à la magie et aux deux femmes présentes, elle en oublia tout le reste. Même l’orchestre. Même Alistair.

Et puis, août frappa. Il l’avait plaquée contre le mur alors qu’elle commençait à se relever, l’avait étranglée d’une vague violente de culpabilité. Août était le mois des montagnes russes. Le matin, elle pouvait s’entraîner corps et âme à maîtriser ces pouvoirs qui ne demandaient qu’à être libérés après des années de censure. Elle pouvait ressentir de la fierté à agiter sa baguette, à maîtriser ses émotions qui menaçaient constamment de la trahir. Elle pouvait sourire à Ella, s’esclaffer avec Adra. Mais, le soir, c’était le chaos. Elle pouvait bien cacher Nikolaï où bon lui semblait, elle avait toujours l’impression qu’il était là, dans le coin de son oeil. Ce bout de bois, cet allié qui l’avait trahie. Même lorsqu’elle enfonçait sa tête dans l’oreiller, qu’elle cachait ses yeux sous sa couette, elle le voyait. Il la narguait de son impuissance, lui rappelait qu’elle n’avait pas la force de retourner à l’orchestre. Il lui renvoyait à la figure ces heures, ces années de solitude au manoir, où elle n’avait jamais eu personne d’autre que lui. Il lui imposait les souvenirs du concert de mai, où elle avait osé proposer à Al d’entrer, de prendre le thé, et qu’elle avait eu pour toute réponse une négation embarrassée et des mois de silence. Août la plongeait dans les contradictions, où elle jonglait entre la foi et le désespoir.

Et voilà que septembre cognait à sa porte. Il était là, enfin, déjà, et Anya ne savait pas comment l'accueillir. Car la culpabilité du mois précédent ne l’avait pas quittée avec la fin du calendrier. Toujours, elle était présente. Mais la jeune femme ne savait plus qu’en faire. Elle était fatiguée de lutter contre son instinct, épuisée de toujours n’exécuter que la chose à faire en se convainquant que la persévérance était une vertu. Elle voulait abandonner ce qui la tirait vers l’arrière. Se libérer des chaînes qui l’empêchait de progresser vers ce futur étrange que lui offrait la vie, vers cette deuxième chance d’être digne. Alors, elle prit sa résolution.

Elle lâcherait cette musique qui, jusqu’à ce jour, lui avait permis de tenir le coup ; lâcherait le souvenir de ce sourire, devant la fenêtre de la villa, qui la hantait encore parfois lors de ses nuits tourmentées. Elle lâchait tout et reprenait la route.
Tatiana L. VoronkovaTatiana L. Voronkova
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MessageSujet: Re: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyLun 2 Déc - 13:58

II. Quand la nuit tombe


Elle ne dormirait pas cette nuit.

L'adrénaline qui l’avait envahie le moment où ses pieds avaient frôlé le sol devant l’immeuble ne l’avait toujours pas quittée. Encore, le sang battait contre ses tempes. Toujours, ses mains tremblaient de la même violence que les feuilles affaiblies par octobre. Ses yeux, qui refusaient de se clore le temps d’un repos, cherchaient une cible à fixer dans sa chambre trop vide. Ses pensées, bousculées depuis le début de la soirée, martelaient sa tête de leur brouhaha.  La solitude l’étouffait. La présence d’Adra l’étourdissait. Elle voulait oublier cette soirée, oublier sa promesse faite à Derek et prétendre que rien n’était arrivé. Elle voulait disparaître le temps d’une nuit, le temps d’une vie. Disparaître.

Elle ne dormirait pas cette nuit.

Tout ça pour une épée. Une stupide épée qui ne servirait à personne. Qu’avait bien voulu faire Gloriam de l’artefact ? Magic is Might ? Derek, elle comprenait ; c’était l’argent qui avait guidé l’avare, l’argent qui l’avait aveuglé des dangers de l’opération. Des magouilles pour quelques livres. Une vie perdue pour une liasse de billets. Un enfant orphelin de père pour une poignée de pièce d’or. Elle lui en voulait, à cet homme qu’elle ne connaissait pas. Connaissant trop bien les dommages d’une existence sans paternel, elle le blâmait d’avoir laissé les affaires dépasser ses responsabilités parentales. Il savait que miss King était enceinte. Il savait qu’elle portait son enfant. Et pourtant… Pourtant.

Elle ne dormirait pas cette nuit.

Elle s’en foutait, d’Alistair. Rien à faire, vraiment. Il n’était pas grand chose pour elle, désormais. Elle avait fait une croix sur lui, une croix sur l’orchestre. Tout lâcher et poursuivre sa route, telle était sa résolution. Elle l’avait bien maintenue, depuis septembre. Elle avait réussi à chasser ses traits qui se dessinaient encore, le soir, lorsqu’elle n’était pas fatiguée. Réussi à se convaincre que c’était pour le mieux, qu’il se soit volatilisé. Mais il s’était permis de réapparaître. Comme ça, pouf. Sans un mot, une lettre, un signe. Il avait ressurgi du néant, effaçant au passages les semaines d’efforts qu’elle avait dédié à se convaincre qu’il n’importait pas. Qu’il n’importait plus. Sans oublier qu’il avait été d’une froideur polaire avec elle, lors de la mission. Comme si c’était lui, l’enragé. Comme si c’était elle qui avait été en tort, que le silence venait d’elle. Elle savait bien que non. Au fond d’elle, elle le savait. Mais cette petite voix, ce doute qui la remettait constamment en question, commençait à la peser de ses interrogatoires, de ses accusations et de ses fautes. Sa faute.

Elle ne dormirait pas cette nuit.

La lune brillait à travers la fenêtre, mais elle n’y trouvait aucune beauté. Le ciel sombre était traître. Ses allures paisibles, ses étoiles grandioses… elles cachaient de leur innocence les atrocités qui étaient commises dans la pénombre. Elle se détestait, d’avoir abusé de la noirceur. S’en voulait de s’être crue plus maligne que les remords, plus grande que sa conscience. Si son corps suivait toujours Gloriam, son coeur et son esprit l’avaient quitté depuis longtemps. Ce coeur qui débattait, ces mains tremblantes, ces yeux anxieux ; ils n’étaient là que les châtiments de la raison sur son hôte. Elle ne pouvait plus prétendre. Elle ne pouvait plus faire semblant en participant à d’autres missions, plus jamais être responsables des dommages collatéraux de ses jeux de cache-cache. Jamais.

Oh, comme elle le savait ; elle ne dormirait pas cette nuit.
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MessageSujet: Re: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyLun 2 Déc - 15:15

III. Papier mâché et mots cassés

Lettre composée en russe, cachée dans le fond d’un tiroir de sa commode. Une plume enchantée a été utilisée pour la rédaction. a écrit:
29.10.01

Cher Alistair Al,

Je te déteste. Non, enfin. Oui. Mais non. Je te déteste parce que j’arrive pas à te détester. Est-ce que ça fait sens ? Est-ce qu’on peut vraiment haïr car on peut pas haïr ? Je sais pas trop. J’imagine que oui, parce que c’est ce que je ressens. Je pense. Je sais plus.

Je te déteste. T’as pas idée des efforts que j’ai mis, tout l’été, pour juste essayer de pas penser à toi. Ah non, pas idée. Parce que, avant que tu t’en ailles, je pensais vraiment qu’on avait un truc. Enfin, pas un truc, mais un truc, quoi. Mais j’imagine que non, hein, visiblement. Parce que, comme tu dis, t’es parti en voleur. Comme ça, pendant la nuit, POUF ! Parti. Et moi, moi je me disais que c’était pas grave, finalement. Ça m’as pris des mois pour réussir à faire semblant que je m’en foutais. Genre, je commençais à croire, là. Et toi, enfoiré, tu fous en l’air tout mon travail en te ramenant.

Je sais que j’ai l’air fâchée. J’suis pas fâchée. Enfin, si, mais pas vraiment. Pas que. Je suis triste, aussi. Et perdue, genre vraiment très perdue. Parce que une seconde, t’es là, et l’autre t’es plus là. Et puis tu reviens, et c’est toi qui l’air fâché, et tu me parles à peine et tu me dis même pas « Coucou Anya, je suis rentré ! » Ah non, il faut que je tombe sur toi, grâce à cette saloperie de Gloriam. Parce que je mérite même pas un bonjour, il faut croire. C’est pas grave. C’est jamais grave. Parce que dans tous les cas, je fais qu’écrire une connerie de lettre que j’aurai jamais les couilles d’envoyer, donc on peut bien se foutre de ma GUEULE tiens ! J’aurais pris un bonjour. Même un salut, ou un allô, ou juste un signe de la main. J’aurais pris n’importe quoi, franchement.

Пиздец, je sais pas écrire des lettres, moi. AH NON, ÉCRIS PAS ÇA ! RATURE ! Désolée, je... je connais pas les façons de bien écrire une lettre. Je sais pas écrire du tout, ha ha ha ! Ah, j’suis pitoyable.

Ce que je disais, c’est que je te déteste. Parce que t’a suffit de me donner une lettre, des mois après t’être barré, une lettre que t’a écrit en JUILLET et que tu me donnes que MAINTENANT, et… et je te pardonne. C’est atroce. J’ai pas de fierté. Quelle putain de FAIBLE, quand même. J’suis là à faire ma fière, à te blâmer pour être parti alors que t’expliques bien que c’est pour ce con de Logan. Mais j’ai qu’à refuser de te pardonner. Genre, c’est tout. Mais je suis pas capable. Je sais pas pourquoi. Peut-être parce que c’est moi que je déteste, finalement. Parce que j’aurais jamais dû te proposer de prendre un thé, que c’était rapide, que je t’ai fait peur. Et en plus, moi je voulais… Enfin, je voulais juste… Je sais pas ce que je voulais. C’est sorti tout seul, comme si c’était juste naturel. Du coup, même si c’était pour Logan, je me demande quand même tout le temps souvent si c’est pas de ma faute à moi, tout ça. Si je t’ai pas fait fuir. Je voulais pas… Quel enfer. Je voulais pas, c’est tout. Je voulais juste… T’as compris. Je pense. J’espère.

Je sais pas vraiment ce que je veux dire. J’suis contente d’avoir eu ta lettre, vraiment. Juste, je l’aurais voulu avant. Quand tu l’as écrite, ça aurait été bien. C’est un peu le principe des lettres. Enfin, en théorie. T’auras jamais celle-là. Tant pis pour toi, après. Quoique c’est mieux comme ça. J’crois que je vais arrêter ici et juste… réfléchir. Et quand j’serai prête, je vais t’en écrire une autre. Une vraie. Et puis… on verra.

Anya

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Tatiana L. VoronkovaTatiana L. Voronkova
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Lieu de résidence: Elle a enfin vidé son dernier carton aux Salines, dans ses appartements du logement fraternel.
Patronus: Elle ne connaît pas le sort, ni ne pourrait le réaliser correctement. Mais,si un jour elle réussit, ce sera un cygne qui volera devant elle.
Informations diverses:
MessageSujet: Re: Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj   Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj EmptyDim 16 Fév - 16:56

IV. Le pleur du coq

Dans cette réalité d’un monde qui bougeait sans arrêt, qui changeait, qui menaçait, les matins auprès d’Alistair lui accordaient une pause. Quand l’aurore se pointait doucement et que leurs paupières lourdes luttaient à s’ouvrir, elle ne pensait plus au reste. Quand ils se murmuraient Bonjour de leurs voix toujours enrouées par la nuit, elle oubliait ses problèmes. La simplicité de ces moments, l’authenticité de ces quelques instants… elles effaçaient toute trace des mensonges que Anya porterait sur son dos, une journée de plus. Chaque matin où elle ne se levait pas seule, elle s’efforçait de garder le négatif hors de sa tête, de ne le revêtir qu’une fois la porte passée. Ce n’était jamais bien difficile, cependant. Un sourire suffisait pour chasser les pensées qui embrumaient sa tête ; un baiser savait apaiser ses craintes récurrentes. Il y avait dans ces moments une magie qui ne s’apprenait ni en lisant quelque ouvrage ni en s’entraînant à la baguette. C’était son remède face au quotidien, ce doux secret au silence amère. La censure de leur relation se maintenait, malgré la gymnastique mentale qu’une seule nuit pouvait entraîner.

Chaque visite chez Alistair était parfaitement calculée, suivant les horaires de ses voisins proactifs, son propre emploi du temps au café et, bien entendu, ses… rendez-vous. Toujours, ses sessions avec Theodora étaient prévues en matinée ou, dans certains cas, vers midi. C’était un inconvénient majeur : elle ne travaillait au café qu’aux petites heures du matin ou en fin d’après-midi. Justifier un départ pour le laboratoire lui semblait complexe, louche. Alors elle s’arrangeait pour rester aux Salines la veille d’un prélèvement. Plus simple. S’il était prévu qu’Adrasteia passe à l’appartement, elle s’arrangeait aussi pour y être dans les temps. Elle n’avait personne pour la couvrir en cas de doutes, et n’avait donc pas droit à l’erreur.

Mais ce jour-là, elle avait congé. Pas de compte à rendre, de cafés à servir, d’événement à assister. Elle avait la paix. Elle pouvait se permettre de savourer les rayons du soleil naissant qui se frayaient un chemin jusqu’au lit. Elle pouvait déguster son petit-déjeuner sans se presser, choisir quel thé se servir avec une attention exagérée. Mais alors qu’elle déposait sa tasse sur la table, elle distingua du coin de l’oeil une ombre passer devant la fenêtre. C’était une silhouette familière ; celle de la voisine qui ne quittait son nid que pour le boulot. Pourtant, elle ne travaillait jamais les dimanches… Qu’est-ce qu’elle pouvait bien foutre dehors ? Anya étira son cou, tentant de suivre la femme du regard, mais la perdit de vue assez rapidement. Qu’est-ce que c’était que cette histoire ? D’une voix distante, la jeune femme s’excusa un instant et s’éclipsa jusqu’à son sac, duquel elle extirpa son agenda. Le 11 février. On était bien le 11 février. Dimanche, le 11… Non, il y avait erreur. Son dernier rendez-vous remontait au 28 janvier. Techniquement, si l’on calculait bien les deux semaines séparant chaque séance, elle devrait effectivement se rendre au laboratoire. Cependant, il était fermé le dimanche, et on était bien… « Chyort voz’mi! qu’elle cracha à voix basse. » Lundi. Lundi, 11 février 2002.

Elle resta là quelques secondes, accroupie devant ce calendrier qui la narguait de son erreur. Elle devait se relever. Retourner à la table. Trouver une excuse, un mensonge bidon, une raison pour quitter à un moment où elle ne partait pourtant jamais. D’un geste agacé, elle rangea son agenda et se rassit, la tête ailleurs. Alistair lui parlait, mais elle n’entendait qu’à moitié. Quelque chose au sujet de tests, d’une nouvelle expérience… Que dirait-il, s’il savait pour ses tests à elle ? Peut-être qu’il lui ferait comprendre qu’elle n’a pas à s’inquiéter, que ce ne sont là que de petites procédures. Peut-être, au contraire, serait-il fortement contre, étant aux premières loges pour connaître les dangers de telles expériences. Anya leva ses yeux absents vers lui, dans l’étrange espoir qu’un regard lui serait suffisant pour obtenir des réponses. Plutôt, elle se heurta à un visage vexé, et regretta tout de suite de pas n’avoir porté meilleure attention. « Désolée, je… désolée. » Elle porta sa tasse à ses lèvres, cherchant à gagner quelques secondes pour concocter une nouvelle histoire. Un mensonge, petit ou grand. Une façon de se défiler de la vérité qui la pesait depuis l’automne, un moyen de ne pas avoir à affronter un problème de plus. Elle lui dirait… qu’elle doit garder Calypso pour la journée. Qu’elle avait oublié, qu’elle préférerait ne pas y aller. Qu’elle est simplement dérangée par la perturbation de sa journée de congé. Oui, c’était un bon plan. « Moi aussi, j’veux pas y aller, qu’elle lâcha donc, dans l’espoir de relancer la conversation. » Mais Alistair lui répondit d’un sourire moqueur. « À l’hôpital ? »

C’était suffisant pour la coincer. Deux mots, et son plan improvisé tombait à l’eau. Elle n'arrivait pas à mentir à Al, elle n’y arrivait plus. Omettre une information, elle avait sû tenir le coup. Mais volontairement lui raconter des histoires, le prendre pour un con en assumant qu’il ne découvrirait pas son petit jeu ? Impossible. Elle baissa la tête, trop faible pour le regarder dans les yeux. Et merde… « Plus le labo que l’hôpital, mais… » Elle marqua un silence, qu’il brisa rapidement de sa voix alertée. « T’as un souci de santé ? Tu te sens pas bien ? » Elle entendit sa chaise grincer contre le sol et daigna enfin relever les yeux pour le trouver debout devant elle. Ses traits, légèrement déformés par la préoccupation, lui serrèrent le ventre. « Faut que je t’emmène, tu veux que je vienne ? » Elle balaya l’air de sa main, comme pour chasser en un coup de vent les inquiétudes faussées d’Alistair. « Non, non ça va… Non, c’est… pas ça. » Elle inspira un grand coup. Quelle idiote ! Elle aurait dû lui dire pour les expériences dès le début, quand il en était pas encore temps. Il n’était que plus ardu d’oser parler, maintenant. « Y a un dernier truc que j’t’ai pas dit — que j’ai pas dit à personne. » Elle pouvait sentir dans sa poitrine son coeur qui cherchait à se débattre, à s’échapper, alors que Alistair attrapait sa main pour la rassurer. Pourquoi, chaque fois, ne trouvait-elle pas le courage de parler par elle-même ? Pourquoi lui fallait-il toujours attendre qu’il l’aide à se lancer ? « Ok… Tu peux me le dire, ne t’inquiète pas. » Oui, elle le savait. Elle était parfaitement consciente qu’elle pouvait se livrer toute entière. Après tout, elle lui avait avoué bien pire, et il avait tout écouté, tout accepté. Malgré tout, elle restait terrifiée à l’idée d’ajouter une nouvelle faiblesse à sa liste déjà longue. Il n’y pouvait rien ; la peur, elle faisait parti de son quotidien.

Elle se força cependant à inspirer, et cracha le morceau. « Theodora Knight, tu connais ? La rousse, là. Bon. L’histoire est longue. Mais elle sait, elle aussi. Pour… la magie— » « Quoi ?! la coupa-t-il. Elle fait quoi de cette info, au juste ? Parce que je connais Theo, je la connais bien, et je connais ses recherches et de qu’elle cherche à prouver et, déjà cracmole tu devais l’intéresser, mais alors si en plus maintenant, tu fais de la magie… » Elle l’écoutait sans ne rien dire, ignorant si elle devait tiquer sur le fait qu’il semblait bien informé sur le sujet. Et puis… il l’appelait Theo ? Urgh. « Qu’est-ce qu’elle fait avec toi, Anya ? » « Je— » Elle devait se concentrer. Ne pas s’égarer dans ses questions, dans ses insécurités. Le sujet était tout autre. « Elle en fait rien, pour le moment. C’est pour qu’elle dise rien que j’y vais… Elle… » Elle gratta son front de son index, à la recherche des mots exacts. « Je sais pas, ce qu’elle fait. Elle me fait des… » Qu’est-ce que c’était, déjà ? « Pré… » Agacée de ne pouvoir s’exprimer, elle claqua sa langue contre son palais. « Enfin, elle me prend du sang. Elle m’a jamais rien… rentré dans le corps. » « Des prélèvements, souffla Alistair à Anya, qui leva une main vers lui pour le remercier d’avoir compris. Elle m’en a fait aussi, une fois, pour ses recherches. Mais toi, enfin, tu te sens comment vis à vis de ça ? Si tu veux pas y aller, n’y va pas. Theodora comprendra. Je lui expliquerai, s’il faut. » Il marqua une pause, tandis que la jeune femme sourit intérieurement face à la disparition du surnom de la Kight. Prend ça, Theo. « Je ne veux juste pas qu’elle te fasse de mal. » Tatiana releva les yeux, soudainement accablée de culpabilité face à ses pensées irrationnelles et déplacées. Elle sera cette main qu’il lui avait tendu, au début de la conversation, dans l’espoir de le rassurer. Mais elle aussi, au fond… Elle était inquiète. Terriblement inquiète. « Je… je croyais que ce serait OK, qu’elle lâcha en un soupir. Mais avec le bal, là, j’ai pensé aux enfants et… Je suis plus si sure que c’est pas grand chose. Mais j’ai pas le choix, Al. » L’anxiété imprégnait son ton, alors que ses épaules se haussèrent sous l’impuissance. « Eh, eh, bien sûr que si, tu as le choix. » Les sourcils de la jeune femme s’arquèrent sous sa perplexité marquée. « Ne t’inquiète pas, on va aller la voir et lui dire que tu ne veux plus participer à ses tests. Elle est pleine de ressources, elle trouvera quelque chose. » Il porta sa tasse à ses lèvres, et Anya profita du court silence pour tenter se de raisonner. Pourtant, elle n’arrivait pas à imaginer un monde où tout irait, où tout serait réglé. Était-elle pessimiste, ou simplement réaliste ? « Et pour les enfants… » Nouveau noeud dans l’estomac. « Oui, je comprend ce que tu ressens. J’y ai pensé aussi quand je suis allé la voir, mais elle est si proche de pouvoir isoler le gène magique, on pourrait faire tellement de choses. » Anya approcha la tête, comme pour mieux saisir les informations qu’il lui fournissait. Isoler le gène magique ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? « Rendre tout le monde ‘sorcier’. Tu imagines ? Plus de différences, plus de cette haine dégueulasse. » Et alors qu’il lâchait un soupir, Anya croisa les bras pour l'aider à réfléchir.

Rendre tout le monde sorcier ? Était-ce seulement possible ? Al avait raison ; ça réglerait tant de choses. Plus de dualité, plus de rejet, plus de terminologie péjorative comme moldu ou, pire, cracmol… Mais était-ce là vraiment l’objectif de la Knight ? Rêvait-elle d’un monde où la magie serait à disposition de tous et chacun ? « La haine, oui… le problème, il est là. J’pense il a toujours été là. » Elle reviendrait sur le sujet ; son idée l’avait intriguée. Pas tout à fait de par son originalité, non. Après tout, qui de non magique n’avait pas déjà rêvé, ne serait-ce qu’une fois, de faire parti de ce cercle qu’était la communauté sorcière ? Non, c’était plutôt le fait qu’une telle pensée le frappe, lui. Mais en y repensant bien, la réaction d’Alistair face à l’annonce de ses pouvoirs n’avait-elle pas été teintée de marques d’envie ? Tu as tellement de chance, Anya… Oui, elle y reviendrait. Mais, avant, il lui restait un problème à régler. « Mais Theo… je sais pas. Elle est claire. Si je lâche… j’ai pas confiance qu’elle dira rien. Et si elle parle… Gloriam… » « Oui, mais Gloriam, je te l’ai déjà dit, ils comprendront. » Elle voulait le croire. Elle désirait tellement fort partager cet avis, être certaine que tout irait bien quand ils sauraient. Mais une partie d’elle refusait de se laisser convaincre, toujours sur ses gardes. « C’est pas comme si soudainement parce que tu as la capacité de faire de la magie, tu vas aller au Sacre et te trouver supérieure à nous. Pas vrai ? » Il lâcha un petit rire jaune, auquel Anya répondit en secouant la tête. « Non, mais non. Si ça a apporté un truc, cette histoire, c’est que j’pense plus que personne est supérieur. »  « Oui, mais je veux dire… » Elle l’observa, redoutant ce ton qu’il employait. « Gloriam, tu partages toujours un minimum les idées qu’ils défendent ? Qu’on défend ? »

La question la frappa en pleine poitrine, avec toute la violence d’un ouragan que l’on n’attend pas. Il était trop tôt pour ces interrogations. Trop tôt le matin, trop tôt dans son cheminement. Toujours concentrée à imaginer Gloriam comme une menace depuis l’apparition de ses pouvoirs, elle ne s’était jamais vraiment demandé si le groupe pouvait à nouveau être son allié. Qu’allait-elle répondre à ça ? Que pouvait-elle répondre à ça ? Que devait-t-elle répondre ? Ses pensées tournaient à toute allure et, pourtant, sa tête lui semblait si vide. « Je… ‘fin. » La vérité. Il fallait lui dire la vérité. Mais qu’elle était-elle ? « Je crois que la magie, ça peut être dangereux, c’est sûr. Si c’est mal utilisé. Mais… un fusil aussi, quoi. J’crois que tout peut être mauvais… » Elle se tut quelques secondes, sachant bien que ses paroles ne répondaient nullement à la question. « Mais depuis l’article, Al, je sais plus. Je suis paumée. » Son coeur n’avait toujours pas ralenti la cadence, suivant le rythme de cette conversation qui escaladait beaucoup trop vite à son goût. Comment en étaient-ils arrivés là ? « Hm, je comprend bien— » Alors pourquoi ton esprit semble soudainement si loin ? « —mais est-ce que tu veux toujours te battre contre la mauvaise influence de la magie, le danger qu’elle représente, ou tu… » Ne lui demande pas ça. Cette main devant ta bouche, elle témoigne bien que toi non plus, tu ne veux pas entendre la réponse. Ne lui demande pas. « Tu ne veux plus ? »

Elle l’observa un instant, ses pensées défilant à toute allure. Puis, elle soupira longuement et posa un coude contre la table. De sa main, elle se frotta le front, cherchant à chasser cette migraine qui menaçait de s’installer. « Je sais pas. » Elle marqua une pause, cherchant quoi dire. « Je sais pas,[/color] répéta-t-elle alors qu’Alistair se mit sur pieds, tasse à la main. J’sais pas si j’veux encore me battre pour quelque chose. C’est plus pour… des personnes ? » De la cuisine, elle pouvait entendre l’eau de l’évier couler, mais ne voyait d’Alistair que son dos. « On dirait que j’sais plus c’est quoi, le bon côté… est-ce que y a un bon côté ? » Toujours, elle distinguait le son régulier du jet contre la tasse de céramique, mais aucun mot ne provenait de la cuisine. Rien qu’un silence pesant, envahissant, qui n’avait pour seule menace un morceau de vaisselle visiblement très sale. De sa chaise, Anya attendait. Elle voulait lui laisser le temps nécessaire, ne pas interrompre ses pensées. Mais l’anticipation la tuait. Elle ne le voyait pas, ne l’entendait pas. Une seule pièce les séparait, mais elle avait soudainement l’impression qu’ils vivaient dans deux mondes complètement différents. Des dimensions éloignées. « … Al ? finit-elle par demander, incapable de contenir le silence plus longtemps. » « Oui… Oui, désolé. » À entendre le ton de sa voix, Anya regretta de lui avoir demandé de parler. « C’est juste que… Si tu ne sais plus si tu soutiens toujours Gloriam. Il serait mieux que… Que tu coupes les ponts. Tu ne ferais que souffrir, Anya. Souffrir pour rien, de cette peur de leurs représailles. Si tu pars maintenant, tu évites tout ça. » Enfin, il se retourna. À la vue de son visage déconfit, la gorge de Tatiana se serra. L’avait-elle déjà vu si mal, auparavant ? Instinctivement, elle se leva et s’approcha d’Alistair, mais s’arrêta avant de le toucher. « T’as pas besoin de leur dire qui tu es vraiment, ils te feront rien… Mais, il faut que tu partes. » Elle baissa les yeux, vaincue. Au fond d’elle, elle le savait déjà, ça. Elle aurait dû partir à ses premiers doutes quant à l’Organisation, lorsqu’elle avait déchiffré l’article sur les enfants. Partir aux premiers signes de pouvoirs. Partir après avoir rendu à Adrasteia la maudite épée. Partir. Mais comment ? « Mais… mais même si, disons, je voulais. Je connais les gens, je connais le QG… Ce serait pas facile, non ? Puis… govno ! Ils m’ont donné une maison, quand j’en avais pas, je… » Sa voix tremblait sous la panique sournoise qui s’installait. « J’sais pas quoi faire. »

Elle voulait tendre une main vers son bras,ses doigts, son torse, son cou, son visage, peu importe ! Briser à tout prix cette distance qui naissait devant ses yeux. Mais, figée sur place, elle ne put qu’observer Alistair se reculer, avant qu’il ne se dirige vers la table de la cuisine. « Bah, je connais pas la démarche, mais j’imagine qu’ils doivent avoir des solutions. Y a bien déjà des anciens membres qui sont partis, ils en sont pas morts… » Anya croisa les bras et l’observa ramasser leurs assiettes, bien curieuse de connaître ces dits membres qui s’en seraient sorti sans traca. « P’tet qu’ils font un serment inviolable, même si ce serait débile, haha. » Elle ne rit pas. « Mais ça peut pas durer, tu peux pas rester. Faut que tu te délivres de tous ces problèmes. De l’Organisation, de nous. De moi, aussi. » Alors qu’il se taisait, c’était la voix d’Anya qui empêcha le silence de planer, alors qu’elle échappa un « Quoi ?! » empreint de panique. Alistair, lui, avait les lèvres étirées en ce qui semblait être un sourire étrange. « Ça n’aurait pas de sens, sinon. Ça n’a pas de sens, dans le fond… On le sait très bien depuis le début, Anya. » « Attend, attend… » Elle leva la main, comme pour lui faire signe de ralentir. Qu’est-ce qu’il racontait ? Ce qu’ils avaient… c’était bien la seule chose qui, justement, faisait sens dans tout ce merdier. C’était sa bouée de sauvetage, sa raison de ne pas sombrer. Tout allait bien, alors… Pourquoi ? « D’où tu sors ça, d’où… » Sa poitrine se soulevait et s’abaissait à un rythme effréné, victime des émotions qui envahissaient Tatiana. « Non, je… J’veux pas te quitter, ça a rien à voir ! » « Mais bien sûr que si, répondit Alistair comme s’il s’agissait d’une vérité universelle. Tu dois partir, c’est évident, et si tu dois partir, tu ne peux garder un lien comme ça… si fort. » Il avait baissé le ton, alors qu’Anya avait déjà du mal à l’entendre. Elle distinguait les mots, mais ses oreilles bourdonnaient sous l’émotion. « Ça peut pas continuer, ouvre les yeux ! » Elle s’était redressée, l’écoutait, ne disait rien. « C’est voué à l’échec, t’as vingt ans de mois, tu es… Je te mér—. C’est juste pas possible. Autant arrêter maintenant, avant que ça fasse plus de dégâts. » Toujours, ses bras étaient croisés ; cette fois, pour empêcher ses mains de trembler. Elle ne comprenait pas. Ne comprenait plus. Que c’était-il passé, pour que soudainement, tout tombe devant ses yeux ? « Mais… mais attend. Y a pas une heure, tout… tout allait bien ! » Elle avait monté le ton, prisonnière de son tourbillon de sentiments. « Ça sort de nul part, tu peux pas… Merde Al, tout part en couilles et j’ai quand même jamais été heur— ‘fin, bien comme ça ! Tu peux pas… » « Arrête, Anya, arrête… » Elle relâcha ses bras, qui tombèrent le long de son corps, alors que son menton s’était relevé. « Tu sais très bien que tu t’engageais dans quelque chose qui n’était pas tout à fait ‘usuel’. Enfin, regarde-moi… Je suis rien d’autre qu’une épave, un moins-que-rien qui n’aura jamais rien accompli de sa vie à part créer de la haine et le mal autour de lui. » Elle avait erré jusqu’à sa chaise sans le quitter des yeux, et agrippé le dossier de ses mains moites. Elle aurait voulu le secouer, lui montrer qu’à elle, il ne lui avait pas fait de mal, bien au contraire. Qu’il n’était pas ce monstre qu’il décrivait, qu’il était humain et qu’il faisait de son mieux. Mais elle n’arrivait pas à parler. Alors il continuait, se fracassant à un mur de silence de la part de Anya. « Te mets pas dans une situation comme ça avec moi, tu le mérites pas. Tu vas juste t’engouffrer dans un cercle vicieux de crise, d’angoisse… Vaut mieux arrêter les frais et que tu retrouves ta liberté. Le bonheur, il sera à tous les coins de rue pour toi, ne t’inquiète pas pour ça. Mais il faut que tu partes. »

Elle l’avait laissé parler le coeur battant, la bouche béante. Combien elle voulait lui crier qu’il avait tort, qu’il ne pensait pas ce qu’il disait. Que cet autre bonheur dont il parlait, elle n’en voulait pas. Que c’était des conneries, des pensées faussées par ces angoisses d’un passé douloureux. Mais, si elle ouvrait la bouche, lui demanderait-il de se taire à nouveau ? Si sa décision était prise… à quoi bon débattre ? Chaque nouvel argument, aussi absurde était-il, agissait comme un coup de poignard dans son coeur déjà meurtri. Alors, elle s’était laissé tomber sur la chaise, doucement. Elle devait réfléchir. Elle devait… trouver un sens à tous ces mots. Essayer de comprendre. Pourtant, elle n’arrivait qu’à fixer le vide, le néant occupant son crâne. « Alors… c’est ça ? Juste… juste comme ça ? qu’elle avait murmuré de sa gorge serrée. » Elle pouvait sentir les larmes qui lui piquaient les yeux, les sanglots qui étranglaient son cou. Mais elle refusait de pleurer. « J’veux pas partir, je… je veux pas. Mais je peux pas me battre contre toi. Je… » Elle inspira longuement, à l'affût des pleurs qui la menaçaient dangereusement. « Tu veux que je m’en aille ? qu’elle demanda enfin, à voix basse. » Elle tenta un regard vers lui, prête à le supplier de ses yeux de changer d’avis, de leur laisser une chance. Mais c’était lui, cette fois, qui fuyait son regard. Il se contenta de répondre en gardant ses distances, alors que Anya s’effondrait sous ses mots. « … Oui, je pense que c’est mieux. »

Ne pas pleurer. Surtout, peu importe les circonstances, ne pas pleurer. Pinces-toi, mord toi la joue, la lèvre, serre les dents, les poings… mais ne pleure pas. Pleurer au moment où on t’arraches cette histoire qui n’avait qu’à peine commencé, ce serait pathétique. Pleurer ce rêve que tu caressais, cet espoir que tu chérissais, en sachant maintenant qu’il n’était pas partagé, c’est affligeant. Pleurer du fait que l’on ne veut pas de toi, alors que tu en as pourtant maintenant l’habitude, c’est redondant. Ces yeux baissés, ils se doivent d’être secs, lorsque tu les lèveras à nouveau. « Okay, fit-elle simplement de sa voix étranglée. Okay. » Elle prit quelques secondes pour rassembler ses esprits et, sans pleurer, se mit sur pieds. Elle ne pouvait pas le regarder, c’était des plans pour éclater en sanglots comme une sotte. Alors, en silence, elle s’avança jusqu’à la porte et enfila ses bottes, les yeux baissés. Un pied, puis le second. Nouvelle inspiration, nouvelle bouffée d’air qui tentait désespérément de se frayer un chemin dans sa gorge serrée. Elle étouffait sous la douleur qui l’étranglait mais, encore, refusait de verser une seule larme. C’est en attrapant son manteau qu’elle arriva enfin à articuler, d’une voix aussi forte que le lui permettait son corps : « T’sais, Al, si… si tu voulais pas de moi, si ça servait à rien… fallait le dire avant. En décembre. Et pas continuer à faire semblant, et à me dire… » Elle devait s’arrêtait. Faire une pause. Elle en profita pour enfiler son manteau et tenta de poursuivre. « Parce que… moi— » Et elle s’étrangla. Ça en fut fini pour son beau discours ; elle dû se retourner pour s’empêcher d’éclater. Parce que, elle…

Elle, quand tu lui murmurais qu’elle était belle, Alistair… elle te croyait. Quand tu lui disais qu’elle ferait de grandes choses, qu’elle méritait cette seconde chance, elle te croyait. Quand tu lui souriais dans la cuisine, ces soirs où vous décidiez de faire le repas ensemble, elle y croyait. Quand tu la prenais dans tes bras en roupillant, alors qu’elle n’arrivait pas à s’endormir, elle y croyait. Tu aurais pu lui dire que le ciel était rose, que la pelouse était bleue et que la mer était orange, elle t’aurait cru. Et même lorsqu’elle n’était pas convaincue de ce que tu avançais, comme lorsque tu lui assurais que vous trouveriez une solution, elle s’efforçait de te croire. Même que si elle s’était livrée au sujet de Theodora Knight, ce matin, c’était parce que tu lui avais assuré qu’elle pouvait tout te dire. Et elle avait fait l’erreur de te croire. Mais le pire dans toute cette histoire, le plus affligeant de cette situation, c’est que si elle accepte de passer la porte, là, maintenant… c’est parce qu’elle te croit, lorsque tu dis désirer son départ. Sa confiance toute entière est tienne, que tu ne la désires ou non. Elle est tienne, et voilà ce que tu en fais.

Il lui fallait sortir. Prendre l’air, quitter l’appartement, laisser libre court à ces sanglots qui l’étouffaient depuis trop longtemps. Elle attrapa son sac sans jeter de regard à Alistair et ne prit même pas la peine d’enfoncer la ganse dans son épaule. Il lui fallait quitter avant qu’elle ne craque. Elle posa sa main libre sur la poignée, qu’elle tourna d’un rapide geste du poignet, mais ne put retenir un murmure avant de tirer la porte. « Merde, Al… t’avais promis. » Et elle tira la porte, laissant le vent frais de février s’engouffrer dans l’appartement. Elle lui avait giflé le visage, cette brise pourtant loin d’être agressive. Elle l’avait frappée de toute la fatalité de ce départ, de l'irréversibilité de la situation. Elle mettrait le pied dehors, et ce serait fini. Fini. Étrange, comment ils n’avaient jamais rien officialisé entre eux et que, pourtant, cette séparation lui tuait l’âme. Plus jamais, elle ne ferait confiance. Plus jamais elle ne se permettrait l’erreur monumentale qu’était celle de se livrer. Elle avait été naïve. Elle avait été stupide. Une belle idiote qui avait cru, un instant, qu’elle méritait peut-être de… « Putain de bordel de… Tu vois pas que c’est maintenant que je fais semblant ?! » Elle avait relevé sa tête baissée et lentement fait volte-face. « Que j’essaie de te protéger, de… » Ses yeux humides s’étaient élevés sur Alistair, désormais juste face à elle. « Bien sûr que je veux de toi, abrutie, lâcha-t-il en haussant le ton. Mais je suis mort de trouille ! Regarde-moi, j’ai attendu d’avoir la quarantaine avant de pouvoir vraiment aimer quelqu’un d’autre que moi-même, et je suis juste complètement dépassé par le fait que toi, tu… » Anya avait fermé la porte entrouverte d’un coup de bassin, mais jamais son regard ne se détourna. « Tu t’intéresses à quelqu’un comme moi. » Sa main se crispa contre le cuir de son sac, alors que ses épaules se relâchaient. Son esprit ne savait plus comment réagir. « Mais si ça avait pas l’air si compliqué, si impossible, si on n’était pas si différents, je t’aurais déjà demandé depuis longtemps d’emménager chez moi, de sortir dehors ensemble, de dire tout à Gloriam. De me présenter Adra… » L’air confus de Tatiana fut rapidement remplacé par des sourcils arqués sous l’émotion. « Anya, je veux tout vivre avec toi. »

Et alors que son sac heurtait le sol, elle se laissa porter dans un baiser, le dos désormais plaqué contre le mur de l’entrée. Elle l’avait laissé faire sans vraiment réaliser, sans vraiment comprendre. Les dernières minutes n’avaient été qu’un désordre de confusion, une avalanche de douleur. Elle passait la porte, là, à l’instant. Et maintenant… Maintenant, elle était de retour dans ses bras. Comme si jamais elle ne les avait quitté, comme s’ils avaient toujours été siens. Mais cette caresse, elle trahissait l’affolement à peine calmée de la jeune femme. De sa brusque tendresse, elle s'agrippait d’une main à la nuque d’Alistair, de l’autre à son bras ; elle voulait le sentir, le savoir tout près. Ne pas le laisser filer. Ne pas le perdre. Ils ne s’étaient laissés que le temps de quelques minutes et, malgré tout, elle en était certaine ; jamais elle n’avait ressenti de souffrance aussi vive. Était-ce le caractère soudain de la tournure des événements ? Le sentiment de trahison ? La peur de la solitude ? Ou était-ce simplement là une manifestation de cet amour qu’elle cherchait encore à refouler ?  

Elle repoussa ses interrogations alors que leurs lèvres se séparèrent, mais préserva le contact en appuyant son front contre celui de cet homme auquel elle tenait beaucoup trop. « Je déteste que ce soit si… compliqué, pour quelque chose qui devrait être si simple. Je déteste ça. » Anya caressa son cou de son pouce, avant d’enfin oser prendre la parole à son tour. « T’sais Al, moi aussi j’ai… vachement peur. » Sa gorge toujours serrée faisait trembler sa voix. « J’connais rien à rien, j’ai fait des choses terribles, j’passe mes journées à servir des putains de cafés, j’ai… j’ai pas grand chose. » Elle s’autorisa une longue inspiration, bien consciente que cette bataille qu’elle menait depuis l’escalade de la conversation menait à sa fin. Et elle serait perdante. « Et si j’t’ai pas dit pour Knight, c’est… C’est parce que chaque fois qu’on se lève, moi j’ai toujours peur que tu… que tu réalises que ça vaut pas la peine. Que y a plus de mal que de bien, avec moi. Alors, ajouter ça… » Ces larmes contre lesquelles elle avait mené guerre gagnèrent le duel. Elles étaient douces, cependant, ces perles à la fois de soulagement et de vulnérabilité. Bien différentes des sanglots qui l’avaient menacée, plus tôt. « J’avais peur que ce soit trop. Mais… tout ça… » Malgré ses joues humides, son village s’illumina d’un sourire sincère. « Moi aussi, je le veux. Y a que ça dont j’suis sure. » « Ha ! s’exclama-t-il. Si tu savais comme ça en vaut la peine, pour moi aussi. Je me suis pas senti aussi vivant depuis… trop longtemps. » Elle lui avait répondu de ce sourire qui ne s’effaçait pas. « Donc, ce que je te propose, entama-t-il en chassant ses larmes à coup de caresses tendres contre ses joues, c’est qu'on oublie tout ça, ce mauvais acte, stupide. » Elle hocha la tête en fermant les yeux le temps d’une seconde, comme pour effacer de sa mémoire ce matin de malheur. « On va trouver une solution, ensemble. Va voir Theo, aujourd’hui, comme d’habitude et… et je m’occupe du reste. Je vais lui expliquer, qu’elle ne peut pas te garder, comme ça, contre ta volonté. Et Gloriam, on verra plus tard. Ok ? » À nouveau, elle acquiesça d’un coup de chef, avant de se perdre dans une nouvelle étreinte. Elle serrait son haut comme si ses doigts étaient des crochets, enfouissait sa tête dans le creux de son épaule pour s’imprégner de son odeur. Jamais plus. Jamais plus une peur comme ça, sinon elle y laisserait l’âme. Theodora, et Gloriam, et tous les autres, ils étaient effrayants. Mais ça… « Oui... ok. » Elle profita de l’instant pour quelques secondes de plus, secondes qu’elle ne compta pas. Elle ne fit que les vivre. Ça allait, maintenant. Ça allait. Elle pouvait relâcher sa prise ; tout irait bien. « Faudrait qu’on se bouge, si on veut pas être en retard, maugréa-t-elle avant de redresser la tête. Ça va aller, toi ? » Sa voix, tout de même empreinte d’une authentique inquiétude, avait cessé de trembler. « Tes tests, j’veux dire. »

Il s’était distancé pour attraper le sac de cuir de la jeune femme, et le lui avait tendu en lui répondant : « Oui, bien sûr que ça va aller, t’en fais pas. » Elle releva un sourcil en enfonçant la ganse dans son épaule. « J’ai survécu jusque là, c’est pas un nouveau médoc’ qui va me poser souci. » Elle haussa les épaules avec un sourire. Après tout, c’était lui qui avait témoigné sa perplexité quant à ses expériences de la journée, alors s’il disait que ça allait… « On se voit ce soir. » Et il avait scellé sa promesse d’un baiser furtif, avant de finaliser ses propres préparatifs pour la journée.

Lorsqu’elle quitta l’appartement pour son rendez-vous, deux interrogations résonnèrent dans sa tête. La première : que venait-il de se passer, exactement ? À quoi avait rimé cette discussion, et que cachait-elle ? Et, surtout ; en aurait-il d’autres ? Le sujet était-il clôt ou, du moins, réduit en sensibilité ? Pour l’instant, elle n’en savait rien. Alors, pour s’occuper durant le trajet, elle se concentra sur sa seconde question.

Était-ce elle qui était à côté de la plaque, ou avait-il réellement insinué qu’il l’aimait ?
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Tatiana L. Voronkova § Ne Zabyvaj
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