Il lui a tout montré. De A à Z. Il a pris par la main la gamine de quatorze ans et en a fait une femme. Il lui a enseigné l’art des poisons et les techniques de la vie. Sans distinctions, sans jugements et avec beaucoup de patience, il l’a aidé à avancer comme sa propre fille. Dommage que lorsque la vie l’a bénit d’un enfant qui était sien, les contacts ont diminués.

Sans être aussi proche d’elle qu’elle ne l’était avec Irving, Anya a tout de même su tisser des liens avec Sara. Elle a utilisé son savoir pour réduire l’ignorance de la jeune fille qui partageait son toit, et lui a offert toute l’affection dont elle était capable. Si elle s’était d’abord montrée réticente à l’idée d’acceuillir une inconnue, elle s’est rapidement liée d’amitié avec la jeune fille, et continue de prendre de ses nouvelles lorsque les nausées ne l’en empêche pas.

Fiona. La raison de son calvaire. Celle qui a changé sa vie pour le meilleur et pour le pire. Alors qu’elle n’avait personne, Fiona l’a trouvée. Eussolée, sans le sous et misérable, Anya n’a su refuser à l’offre de la femme, dont les promesses étaient plus grandes que le ciel. Gloriam serait sa famille, ses missions, sa rédemption. Il ne fallait que la suivre... et voilà le résultat.

Un drôle de coup de hasard, cette rencontre. De tous les passants, il est le seul à s’être arrêté lorsqu’elle a abandonné les classiques pour la musique de son âme. Alors qu’on dévisageait son cris du coeur, lui, il l’a entendu. C’est grâce à lui si elle est à Atlantis aujour’hui, si elle est plus qu’une mandiante aux doigts habiles dans les rues froides de Londres.

Son ange et son démon. Celle qu’elle cherche à éviter et à imiter. Son modèle et son nemesis. Adrasteia est le rappel constant de tout ce qu’elle n’a pas eu, de tout ce qu’elle n’est pas. Lorsqu’elle a fugué, la laissant toute seule au manoir, Anya lui en a voulu. Elle avait fait une croix sur celle qui aurait dû être sa soeur, sur ce futur qu’elles ne partageraient jamais.

Mais elles se sont revues. Une fois. Deux fois. Et Anya a déménagé chez elle. Et l’a accompagné durant sa grossesse. Et l’accompagne à nouveau, laissant chaque fois sa douleur derrière. Adrasteia n’est pas parfaite. Lorsqu’elle se fâche, ou qu’elle est anxieuse, rien d’autre n’existe. Encore aujourd’hui, elle laisse Anya derrière lorsqu’il y a plus important. Mais, toujours, elle pardonne.

Adrasteia est sa seule famille.

Juillet 2001 : Elle sait, maintenant. Elle sait tout ; pour Gloriam, pour Konstantin, pour elles. Malgré les mauvaises nouvelles, leur lien ne s'est que serré. Ces informations, au final, ne faisaient que compléter le puzzle que Adrasteia n'arrivait pas à comprendre. Aujourd'hui, elles sont unies.

Le destin ne voulait pas qu’elles s’entendent. Selon le cours des choses, Anya devait la voler, Ella devait être en colère, leur relation devait être tâchée. C’était écrit. C’était la solution probable, la suite logique des événements.

Mais Ella a eu pitié. Et pas une pitié embarassante, non ; une pitié compatissante. Celle de quelqu’un qui vous tend la main, qui ne vous connaît pas mais qui voit quelque chose briller en vous. Alors elles se sont revues. Toujours dans d’affreuses circonstances, certes, mais elles se sont revues. Plus qu’amplement. Suffisament pour créer un lien de confiance entre les deux jeunes femmes, un lien qui les serre et qui n’est pas prêt d’éclater.

Coûte que coûte.

Elle n’en sait pas beaucoup à son sujet, uniquement qu’elle doit se tenir à distance le temps de trouver une solution. Elle a bien remarqué les regards de la rousse lorsque leurs chemins se croisent, à la villa. Elle a bien vu son sourcil se relever lorsqu’elle parle à Alistair. Alors elle se tient à distance, prudemment. En attendant.

Août 2001 : Elle avait mal joué ses cartes, et elle se trouve maintenant dans un pétrin sans pareille. Les deux femmes ont échangé un marché, et en tiennent chacune leur part... pour l'instant.

Charlotte, c’est Anya, avant le paquet d’erreurs. C’est cette jeune femme fascinée et terrifiée. Cette jeune femme qui vascille entre l’émerveillement et la peur, entre le désir de contrôler ou d’éradiquer. Charlotte, c’est son red flag. Celle qui lui rappelle ce qu’elle était, qui lui met en pleine face ce qu’elle aurait pu être. Charlotte est ce bouton de rose qu’il faut protéger à tout prix, avant qu’il ne soit trop tard.

Elle l’évite, Léandre. Elle n’a pas grand chose à dire à son sujet, si ce n’est qu’il ne la coulait bien douce alors qu’elle se faisait brûler à coup de flamme de dragon pour les capries de sa femme enceinte. Et maintenant que la petite est née, il passe tout son temps à la cajoler. Ce que ça doit être bien, d’être si privilégié qu’on n’a accès qu’aux côtés chouettes des choses. Ah, ce Léandre. Elle se force à l’apprécier. Elle essaie, très très fort. Mais elle n’y arrive pas. Il dégage un truc qu’elle n’aime pas.

Octobre 2001: Elle ne le dira à personne, mais elle lui en veut. Elle le déteste d'avoir abandonné sa famille, le déteste de ne pas être revenu, le déteste de lui imposer son rôle. Léandre, c'est cette malédiction qui lui colle à la peau. Littéralement.

Alistair, c’est son mystère. C’est celui qu’elle comprend parfaitement, et qu’elle n’arrive pas à cerner. Celui qui fait naître en elle tellement de choses qui ne devraient pas être. Et elle les refoule, encore, toujours, malgré son envie profonde de les laisser vivre. C’est celui qui a partagé son passé, son histoire. Celui avec qui elle voudrait passer le plus clair de ses journées, mais qu’elle évite comme elle le peut depuis son concert.

Ils ne peuvent pas tuer ce qui existe, mais ils peuvent se forcer à le cacher, à l’enfouir, et à espérer l’oublier.

Été 2001 : Il est parti. Sans un mot, sans une lettre. Depuis cette soirée, elle n'a pas eu vent de lui. Au plus profond d'elle, elle sait que c'est sa faute. Elle n'aurait jamais dû l'invité, ce soir là ; c'était trop tôt. Si c'est lui qu'elle maudit, c'est à elle qu'elle en veut.

Décembre 2001 : Elle s'était entièrement livrée, de toutes les interprétations possibles du mot. Elle avait craint à chaque parole, à chaque mouvement, mais il l'avait toujours accueillie avec douceur. Ce qu'ils partagent, c'est leur secret. Personne ne sait, personne ne saura. Mais ça ne rend pas le tout moins réel.

Il n'avait jamais été dégoûté par son absence de pouvoir. Bienveillant, il lui avait accordé le respect qu'elle méritait. Petites taquineries, mauvais jeux de mots, ils s'étaient assez bien entendu dès le début, malgré le côté superficiel de la relation. Toujours, ils restaient en surface.

Mais depuis juillet, il n'est plus le même. Il est froid, cordial. Il semble avoir établi une distance entre eux deux, distance qu'elle ne comprend pas. Et, pourtant, son instinct lui assure qu'ils sont plus proches...

Scénario libre !

Alban, c’est ce puzzle qu’elle essaie de résoudre. Ensemble, ils partagent le fardeau de ne pas être reconnus par leur père, de ne pas porter le nom qu’il leur revient de droit. Il ne connaît pas toute son histoire, mais elle est au courant de la sienne. Dans son silence, elle chérit ces similitudes qu’ils ont, et elle profite de chaque instant à la Roseraie pour aller saluer le jeune homme. Ils ne sont pas vraiment amis, mais pas que des connaissances non plus. C’était comme si les deux personnes étaient pratiquement inconnues, mais que leurs âmes, elles, se connaîssaient depuis des millénaires.