S

on souffle tranchait la fraîcheur ambiante d’une fumée blanche qui se laissait engloutir par la pénombre de la nuit. L’hiver avait ses inconvénients, très certainement, mais l’obscurité prématurée apportait son lot de charme qui devenait bien accommodant lorsque nécessaire. Et à cet instant précis, la Slave accueillait les ténèbres avec anticipation, ses talons résonnant contre la neige fraîchement tombée qui laissait deviner l’état désertique de la place du marché. Elle lui avait donné rendez-vous, observant à contre-cœur Atropos battre de ses ailes aux plumes d’ébène pour aller se percher à la fenêtre des plus jeune, un petit mot enroulé à sa cheville pour lui donner le plus strict minimum quant aux informations délivrées. Rares étaient les moments qu’elle utilisait son corbeau pour combler la vulgaire tâche de messager, néanmoins, la Rosier ne faisait plus confiance à sa pauvre chouette qui se reposait suspendue par ses pattes, tête vers le sol, fidèle à elle-même dans le plus étrange des comportements. Les missives étaient bien trop souvent régulées et beaucoup trop facilement repérées… nul ne valais la peine de risquer que leur rencontre soit surveillée. Elle resserra sa cape aux couleurs carmines contre son corps, tentant en vain de se réchauffer du froid, ses pupilles attirées vers les cieux pour en observer distraitement le premier quartier de lune qui y brillait si faiblement. Et elle se demandait, silencieusement, lourdement, si Léandre verrait cette pleine lune qui les attendait à la fin du mois de janvier, s’il était encore là, à puiser toute sa force tandis qu’il se souvenait, que femme et enfants l’attendaient encore… et l’attendraient jusqu’à la fin des temps, la fin du monde… ou si c’était lui qui les attendait, à la fin de son temps, au bout de sa vie, de cette vie qu’ils ne partageraient plus, tout du moins ici-bas. Ici-bas comme ici-haut… rien n’aurait changé, n’est-ce pas ? Non, rien du tout.

Et sous la nervosité, ses doigts s’agitaient discrètement sous le velours qui la tenait au chaud, détournant son attention en direction des pas qui résonnaient au loin, espérant pouvoir apercevoir cette silhouette qu’elle connaissait si bien. La nervosité gagnait sa propagande, éveillant ses sens à un degré qu’elle avait toutefois apprise à accepter depuis quelques mois déjà. Oh la maîtrise de ses émotions n’avait jamais été l’une de ses plus grande force, néanmoins elle s’était habituée à vivre ainsi, à avaler la peur qui la noyait. Et ce soir n’était pas différent, ce soir n’était pas dissemblable. Ses pupilles se dilataient d’un effroi au goût identique à celui qui l’avait submergé quelques nuits plus tôt lors de cette soirée fatidique en compagnie du Malfoy, baissant les yeux tandis que la honte reprenait sa couronne et qu’elle poussait un soupire en réponse à ses propres chimères. Elle n’avait pas le choix, elle n’avait plus le choix. Si les choses continuaient ainsi, bientôt entendrait-elle MiM cogner à sa porte pour demander son reste, et ce n’était pas une option envisageable.