Sujet: Re: Tatiana L. Voronkova | Y'know, some guys just can't hold their arsenic Mar 29 Mai - 13:33 | |
| - Irving | 97-99:
Ils se réunissaient au sous-sol de cette cabane abandonnée, près du fleuve. La hutte de bois ne comportait que quatre pièces, mais sa cave était assez spacieuse pour accueillir près d’une centaine de personnes. Un sol de terre tapée offrait à l’endroit une odeur étrange de jardin en manque d’entretien. Quant aux murs de bétons, ils donnaient cette sinistre impression d’être coincé en plein milieu d’une scène post-apocalyptique. Il n’y avait que quelques lits de camps, ainsi que le nécessaire en nourriture pour se dépanner. On s’y sentait séquestré, menacé, comme si l’ennemi nous cherchait juste au-dessus de notre tête. Mais Anya, elle, s’y sentait protégée. Elle n’y avait passé qu’une nuit. Une nuit dont elle avait exploité les bienfaits au maximum : elle ne se réveillerait pas avant treize heures le lendemain. À huit heures, cependant, tandis que l’adolescente dormait encore à poings fermés, plusieurs membres de la communauté venaient à arriver. Fiona, qui avait passé la nuit au repère, se jeta sur l’un d’eux. « Bonjour, Irving. Bien dormi ? » L’homme d’une quarantaine d’année et à la barbe mal rasée se passa la main au visage, en laissant échapper un râle. « C’est samedi, Fiona. Moi, je dors, le samedi matin. J’espère que tu n’m’as pas appelé pour rien. » La femme eut un ricanement, avant de croiser les bras contre sa poitrine. « Allons, allons. Ne nous connaissons-nous pas assez bien encore pour que tu saches que je ne te dérangerais pas pour rien ? » Irving releva le sourcil, perplexe, et suivit Fiona qui avait commencé à se déplacer. « J’ai fait une rencontre exceptionnelle, hier, expliqua-t-elle de son ton calme. Une nouvelle recrue. Elle est assez jeune, et donc probablement plus en forme que la majorité d’entre nous. Tu sais comme moi que l’on manque de mains fortes sur le terrain. » « Jeune comment ? La vingtaine ? » Fiona se gratta la nuque en se racla la gorge, et pointa l’adolescente endormie du plat de sa main. « Jeune comme ça. » L’homme plissa des yeux pour analyser le visage juvénile de la somnolente, avant d’avoir un mouvement de recul. « Non ! fit-il spontanément. Absolument hors de question qu’on la garde ! Ce n’est qu’une enfant, Fiona ! À cet âge là, ils ne savent même pas ce qu’ils veulent manger pour dîner, alors laisse de côté les questions politiques ! » Fiona lâcha un râle agacé. « Et bien, raison de plus pour lui montrer le bon côté de toute cette histoire. Et puis, elle est à la rue, Irving. Cette petite mangerait dans ma main si je le voulais. Dans notre main. Elle a besoin d’un toit, besoin de personnes de confiance autour d’elle. » Les deux soupirèrent ; l’une d’exaspération, l’autre de désespoir. « Et je suppose que tu t’attends à ce que je prenne en charge sa formation? »fit Irving en se passant la main au visage pour la vingtième fois. Fiona eut un air satisfait. « Je n’en attendais pas moins de toi ! Tu es enseignant, tu sauras comment t’y prendre. Ne trouves-tu pas qu’elle fera un excellent maître des poisons ? » « J’enseigne à des enfants, Fiona. Pas à des ados. » Elle haussa les épaules. « Et bien, ça vous permettra, à ton infertile de femme et toi, de connaître toutes les facettes de l’éducation d’un gosse ! Excepté pour les changements de couches. Merveilleux, n’est-ce pas ? » Irving s’apprêta à répliquer, mais elle le coupa avant même qu’il n’ouvre la bouche. « Ne parle-t-elle pas le russe, d’ailleurs, ta bonne ? » « Elle a eu quelques cours à l’université, pourquoi ? » Fiona haussa les épaules et s’éloigna, laissant seuls l’endormie paisible et l’homme au cœur meurtri. * * * Irving lui apprit tout. Absolument tout. Il lui enseigna à la fois l’art des poisons et les règles de conduite sociale. Avec sa femme, Sarah, ils prirent un soin fou de la jeune fille. L’épouse, presque quarantenaire, était linguiste de profession et avait acquis suffisamment de bases en russe lors de ses cours complémentaires pour améliorer remarquablement l’anglais de Anya. Elle en profita même pour ajouter à ses leçons quelques notions de mathématiques et d’histoire du pays. En échange, Anya préparait parfois des repas de sa terre natale et jouait au couple tous les jours. Dans leur petit appartement, elle dormait sur le canapé, mais elle y était bien. À chaque rencontre de Gloriam, Anya accompagnait Irving, qui lui rappelait sans cesse qu’elle était encore en droit de quitter si les promesses du groupe n’atteignaient pas ses attentes. Mais à chaque fois, elle le faisait taire d’un mouvement de la main, en répliquant doucement que Gloriam était sa famille. À son dix-septième anniversaire, Fiona lui offrit un cadeau bien particulier : une ceinture de cuire, à laquelle était attachée une douzaine de fioles vides. Irving en avait une semblable, mais les contenants de la sienne étaient toujours remplis. Incrédule devant un tel objet, Anya releva les yeux furtivement vers celle qui le lui avait donné. « Nous te faisons confiance, Anya. Bienvenue dans la cour des grands. » Et elle avait sauté de joie, devant un Irving désemparé, se tenant à l’écart du groupe. Elle avait étudié et concocté des poisons qui avaient traversé les frontières et les époques. Parmi ses favoris, la ricine et la belladone. Elle en avait toujours une fiole pleine. D’ailleurs, il était rare que rien ne se trouve en sa ceinture. Elle raffolait des mélanges et des nouvelles découvertes. C’est à la veille de ses dix-huit ans qu’on décida qu’elle en avait assez appris. Un soir de Novembre, on la fit venir au quartier général en compagnie d’Irving. Dans la vaste pièce, il n’y avait que Fiona, assise devant une petite table, qui invita la jeune femme à faire de même. « Bien, Anya. D’abord, je dois te dire que je suis extrêmement fière du chemin que tu as parcouru en ces années à nos côtés. Nous t’avons vu fleurir en une jeune femme forte, belle et courageuse. » Anya sourit. Irving restait de marbre, les bras croisés. « Cependant, il te faut nous prouver que ton passé n’existe plus, et que ton futur n’est dédié qu’à Gloriam. » Perplexe, l’adolescente se tourna vers Irving, qui semblait soudainement sur ses gardes. « Je comprend pas. » Fiona déposa ses coudes contre la table, et enfonça son menton pointu dans le creux de ses mains. « N’as-tu pas connu la famille Raventhrone, mon enfant ? » L’estomac de Anya se retourna, et elle releva la tête spontanément vers Fiona. « Comment vous savoir ? » « Je prend donc cela pour un oui- » « Comment. Vous. Savoir ? » Fiona releva le sourcil, avant de poser nonchalamment son dos contre le dossier de sa chaise. « J’ai des yeux et des oreilles partout, ma chère. Mais ne t’inquiète pas : personne ne t’a cherchée. » Anya baissa les yeux, plus blessée par la remarque qu’elle ne l’aurait cru. « Alors, Tatiana Voronkova. Que faisais-tu chez les Reventhrone ? » « Travail. » répondit-elle sèchement, la tête baissée vers le sol. « Vraiment ? Car j’ai cru comprendre qu’en fait, tu étais la fille illégitime du- » « Pourquoi vous demander si vous déjà savoir ? » fit-elle durement en relevant les yeux vers Fiona, qui ne cacha pas le rictus qui déformait ses lèvres. « Pour vérifier si tu nierais. » Irving ne savait pas s’il devait réagir ou rester en retrait. Il ne faisait que fixer Anya d’un regard blessé, comme un père qui n’ose s’impliquer dans les affaires que son enfant veut gérer seul. L’adolescente, quant à elle, ne comprenait pas la vague d’émotions négatives qui avait pris possession de son corps. Quant à Fiona, elle semblait presque s’amuser. « Irving a reçu une mission d’exécution qui aura lieu en Décembre. Je vous annonce à tous les deux que les cibles sont les maîtres Raventhrone. » Irving eut une exclamation de surprise, et se tourna d’un coup vers Anya, qui fixait toujours le sol. Elle était impénétrable. « Si tu avais été n’importe quelle recrue, je t’aurais demandé d’exécuter la mission à sa place. Mais je t’aime bien, Anya. Alors, je ne demande qu’à ce que tu l’accompagnes tout au long du processus. Je veux que tu lui montres la voie vers le manoir et que tu assistes à l’empoisonnement de tes parents. » Et toujours en fixant le sol, elle grommela faiblement. « Pas mes parents. » Fiona tapa dans ses mains et se releva en souriant jusqu’aux oreilles. « Alors ce ne sera pas un problème pour toi ! » * * * « Tu n’as pas à venir, Anya, chuchota Irving, d’un ton doux et paternel. Je leur dirai que tu étais là, que tu m’as montré le chemin et que tu as assisté à tout. J’ai bien mémorisé : le passage que tu vas me montrer mène à la chambre des maîtres, et le cognac est supposé être déjà versé. Je ne fais que verser notre cocktail, et je devrais avoir une quinzaine de minutes pour revenir. » Honteuse, Anya baissa les yeux et fixa la pelouse, noircie par le soir qui s’achevait et laissait doucement place à la nuit. Irving, conscient de son désespoir, posa ses mains sur les épaules de la jeune fille. « Hey, tu as parfaitement ta place au sein du groupe même si tu ne fais pas ça. Ne fais que m’ouvrir le chemin, et je serai revenu en quelques minutes ! » Hésitante, l’adolescente réfléchit quelques instants, avant de hocher piteusement de la tête. À pas de loup, elle s’approcha du mur de brique du manoir, et posa sa main contre l’une des pierres. « Olesya disait que le passage être protégé par la magie. Bullshit ! Mensonges. Pas besoin de magie, juste de force. Je penser que elle vouloir me faire peur, pour que je pas sortir. » Et elle appuya sur la brique, avant de reculer devant le mur qui semblait se désemboiter grâce à un mécanisme complexe. Irving, impressionné, siffla devant un tel spectacle. Puis, il serra l’épaule de Anya, lui murmura qu’il serait de retour dans quelques instants, et s’engouffra dans le passage. Seule dans la nuit, Anya leva les yeux vers ce manoir qui l’avait tant fait souffrir, qui lui avait appris à avoir honte d’être ce qu’elle était. Elle pensa au maître, à quel point il avait profité de sa naïveté d’enfant. Elle pensa aux jumeaux, à leur mère. Elle pensa aux paroles, aux crachats, aux insultes et aux coups. Elle pensa à son malheur, à cette injustice qu’elle avait vécu des années durant sans se plaindre, sans protester. Elle pensa à cette justice qui serait enfin faite. À cette justice dont elle n’était que témoin, alors qu’Irving se chargeait de se salir les mains en son nom. Elle jeta un coup d’oeil au tunnel. Puis vers l’une des fenêtres du manoir. Puis encore au tunnel. « Irving, attends ! »
- Adrasteia | 99:
Elle avait célébré Noël avec Irving et Sarah, comme elle le faisait déjà depuis quelques années. Elle avait découvert avec eux le sens du mot famille. Ils avaient un revenu moyen, ce qui entraînait un nombre modeste de présents sous le sapin. Or, ils offraient un toit, de la nourriture et des vêtements à Anya durant l’année entière, ce qui représentait pour elle le plus beau des cadeaux.
Après l’épisode du manoir, Anya avait tout raconté à ses protecteurs. Absolument tout. De sa naissance à sa fugue, elle avait relaté les moindres détails de son éducation chez les Raventhrone, sans censurer la moindre information. Elle avait expliqué comment son père l’avait séquestrée chez les servants, comment il l’avait utilisée comme musicienne bon marché, comment il l’avait écrasée comme de la vermine. Elle avait expliqué la condition de sa mère, qui lui était tout de même assez inconnue et nébuleuse. Et elle avait parlé d’Adrasteia, sa soeur de sang, mais jamais de coeur. Elles n’en avaient jamais eu l’occasion.
Même qu’elles ne s’étaient jamais revues, jamais reparlé. Depuis des années, à quelques occasions, Anya s’était demandé ce que devenait donc celle qui fut autrefois sa seule alliée. Celle qui lui avait montré en cachette quelques accords de pianos, quelques mots simples d’anglais. Maison. Chat. Famille.
Non, elles ne s’étaient jamais revues, jusqu’à ce soir de Décembre. Alors que l’année s’achevait, les deux jeunes femmes s’étaient croisées à Londres. Elle avaient toutes deux plissé les yeux, incertaines de bien se retrouver devant l’une et l’autre. Et finalement, elles avaient sourit.
Aucune ne parla de sa fuite respective. Aucune ne parla du passé, du manoir ou de leur terre natale. Elles échangèrent vaguement sur le présent, racontant brièvement où elles en étaient. Anya -qui se retenait de ne pas râler à chaque fois qu’Adrasteia l’appelait par son ancien prénom- raconta qu’elle vivait maintenant chez des amis de ses défunts parents, qui ne s’étaient manifestés que très tard. Adrasteia, elle, lui apprit qu’elle emménageait dès Janvier dans cette nouvelle ville mixte, Atlantis. Ainsi, Anya lui fournit l’adresse d’Irving, dans l’espoir que, peut-être, son aînée lui écrirait un jour. Elle promit de le faire et de lui fournir une adresse à son tour dès qu’elle serait posée. Et ensuite, elles se dirent au revoir cordialement, avant de reprendre leur route, chacune de leur côté, indépendamment.
Jamais elles ne mentionnèrent le meurtre des maîtres Raventhrone. Jamais elles n’échangèrent des pensées, des condoléances. Elles ne firent que se concentrer sur elles, sur leur vie et leurs avenirs, en ignorant délibérément la mort de celui qu’elles avaient toutes deux jadis appelé père.
- Maurice | 00:
Son implication au sein de Gloriam ne l’avait jamais aveuglée de son véritable objectif, de sa véritable passion. Si elle ne dépendait plus de ses séances de violon dans les stations sombres du métro de Londres de façon monétaire, son esprit avait encore besoin de ces moments où rien d’autre que Nikolaï n’importait. Cependant, au fil des ans, l’impact de sa musique avait changé. Autrefois, elle était bien mignonne, la jeune adolescente, à jouer avec un talent bien au-dessus de son âge. Mais si sa technique avait grandement évolué avec le temps, son visage aussi avait vieilli, et le monde avait tendance à perdre son intérêt pour un jeune prodige lorsqu’il ne devenait qu’un adulte talentueux. Ainsi, elle jouait plus pour elle que pour les autres, bien que de plus en plus agacée de ces gens qui l’ignoraient délibérément. Autrefois, ils admiraient sa technique impeccable lorsqu'elle jouait le mouvement du printemps de Vivaldi, accompagnée de ses cassettes de piano. Mais aujourd’hui, personne ne s’arrêtait. Elle enchaînait pourtant les notes à la perfection, mais il n’y avait rien à faire. Tous se forçaient à détourner la tête, comme si un aimant attirait leur regard du côté opposé à Anya. Et tandis qu’elle jouait, il lui semblait soudain que sa musique n’avait plus aucune valeur. Que ses notes justes et ses coups d’archet contrôlés n’impressionnaient plus personne. Que sa liste de pièces classiques avait été entendue par tout Londres, et que cette indifférence de masse était un message. Une provocation. Il n’y avait que ce vieux, appuyé contre l’autre mur du passage, qui l’écoutait les bras croisés. Et encore, il ne semblait que peu épaté. Alors, elle s’arrêta d’un coup. Elle n’attendit ni un silence, ni une reprise. La cassette continuait à résonner. Mais elle, elle ne jouait plus. Elle déposa Nikolaï et fouilla dans son sac, à la recherche d’une autre piste sonore. Le vieux, intrigué, attendait, tandis qu’Anya changeait de cassette dans la radio. À peine les première notes de piano avaient-elles résonné qu’elle s’était redressée, prête à entamer le morceau. Dès le début de la pièce, les passants cessèrent de l’ignorer. Le vieux, quant à lui, semblait soudainement très intrigué. Et d’un coup, elle obtint cette attention perdue. Or, ce n’était pas avec attendrissement que l’on regardait la jeune fille, non ; c’était avec consternation. Car, au cœur du métro londonien, elle avait choisi de jouer Bartók. Le deuxième mouvement de sa deuxième sonate. Personne ne semblait comprendre, personne ne semblait apprécier, mais tous la regardaient. Et elle adorait cela. Elle joua le morceau en entier. Sans pause, sans regrets. Elle faisait fuir les passants de sa musique, mais au moins, elle les faisait réagir. Elle leur prodiguait une émotion d’inconfort, de malaise, et il n’y avait pas plus douce vengeance après des mois d’indifférence. Mais quelqu’un avait apprécié. Le vieux s’approcha en applaudissant, alors que Anya baissait son archet. « Et bien, et bien ! fit-il jovialement, laissant découvrir son lourd accent français. C’est que vous êtes bien audacieuse, ma p’tite dame ! Et surtout, bien jeune pour maîtriser le génie de Bartók. Quel est votre nom? » Elle n’avait point saisi ce que signifiait le mot audacieuse, mais avait compris qu’il lui demandait comment elle s’appelait. Elle lui répondit, comme elle avait désormais l’habitude de le faire, par Anya. Elle pointa son violon en ajoutant que lui, il se nommait Nikolaï, et qu’il l’aidait à jouer des pièces compliquées. À ce nom, le vieux sembla se mettre à réfléchir, mais Anya ne s’en rendit point compte. Elle était trop occupée à nettoyer les cordes de son instrument. « Dites, mademoiselle. Je me présente. Mon nom est Maurice, et je suis en voyage à Londres pour mon frère, qui a besoin de quelques matériaux. Il est luthier, vous savez ? Et moi, moi je joue. » Elle releva les yeux vers lui quelques instants, avant de rapporter son attention à son instrument. « Je joue au sein de l’OSMA. Vous connaissez ? » Elle ne répondit pas, et il se racla la gorge. « Il s’agit de l’Orchestre Symphonique Mixte d’Atlantis. Vous avez entendu parlé d’Atlantis ? Là où sorciers et moldus se côtoient au quotidien, dans un environnement pro-mixité. » Anya ricana, comme pour ravaler son envie de cracher. Elle murmura qu’elle n’appréciait pas les sorciers, et Maurice éclata d’un rire franc. « Vous avez raison, ils sont si arrogants. Or, je dois admettre qu’ils font de très bons musiciens. Ils sont nombreux dans l’orchestre, d’ailleurs, et nous manquons de joueurs d’instruments traditionnels. » À ses mots, elle releva la tête, cette fois véritablement attentive. Qu’entendait-il par traditionnel ? Et surtout, que qualifiait-il de non-traditionnel ? Et il leur manquait des musiciens ? « Accepteriez-vous, Anya, de venir auditionner pour nous ? Je vous offre notre carte, cela ne vous engage à rien, mais faites-moi un signe si l’envie vous dit ! » Et il lui tendit le bout de carton, la salua et s’éloigna en sifflant, laissant l’adolescente perplexe complètement abasourdie au cœur du métro. * * * Elle avait écrit à Adrasteia pour lui signaler qu’elle serait de passage, et avait passé son audition accompagnée d’Irving. Elle avait choisi cette même pièce qui avait attiré l’attention de Maurice, et s’était fait offrir le poste sur-le-champ. Irving lui proposa d’emménager avec elle, mais elle refusa. Sa vie était à Londres, alors qu’elle, elle ne faisait que vagabonder à la recherche de sa place dans le monde. D’ailleurs, sa sœur lui avait gentiment offert de se poser à son appartement, comme elle n’y vivait plus depuis un moment. Pour le consoler, elle lui assura de lui écrire toutes les semaines, et que dans tous les cas, elle serait trop occuper à s'entraîner où à prendre soin de son aînée enceinte pour lui offrir l’attention qu’elle mérite. Alors ils avaient fait ses boîtes ensemble et il l’avait aidée à emménager. Ils s’étaient étreints, et il était parti. Fiona devait s’occuper de transférer ses informations à la base d’Atlantis, et Maurice se chargeait de son éducation musicale. Elle avait découvert les instruments de verre, nouveaux sur le marché, et qui nécessitaient l’énergie magique pour produire leur musique. Et si elle avait détesté les sorciers toute sa vie, elle les avait envié dès la première note qu’elle avait entendue. Nous sommes en novembre 2000. Nous avons traversé des déménagements à la tonne, des tristesses et des colères. Nous avons observé cette jeune fille grandir, et devenir celle qu’elle est aujourd’hui. Et nous continuerons à la suivre, tandis qu’elle entame sa nouvelle vie.
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