Miel hocha la tête. Elle n’était pas inquiète pour son frère, professionnellement. Elle savait par ses parents qu’il avait une renommée internationale. Il évoqua un événement auquel il avait été invité. Eh ben, il n’était même pas encore arrivé qu’on l’invitait à des cérémonies. Quant à elle, elle était bien, tranquille, à rester chez elle. Mais les régions escarpées et montagneuses, les vols longue distance en balais ou en avion, les heures de marche lui manquaient. Néanmoins elle balaya ses pensées d’un revers de la main, et sourit à son frère. « C’est bien, ça, encore une fois la preuve que tu gères plus la sociabilité que moi. » Elle avait surtout passé ce mois dans les cartons et puis, principalement, la tête dans les bouquins. Ça l’aidait, de se concentrer sur ça, car dès qu’elle n’avait rien à faire elle plongeait dans une sorte de léthargie dont elle avait ensuite du mal à sortir. Il reprit la parole, insistant de nouveau sur le fait qu’il acceptait de l’aider. Elle hocha machinalement la tête une fois de plus, avant de lui répondre. « Je pense que je vais faire le plan moi même, mais je te le ferai lire et tu me diras ce que tu en penses, si ça te va ? Et je veux bien surtout que tu me relises. Parfois j’écris des choses incompréhensibles pour le lecteur mais qui font tout à fait sens pour moi… Enfin, voilà quoi. » Elle plissa un peu les yeux et prit une inspiration profonde en regardant son frère. Ils ne se ressemblaient pas tellement, mais ça ne les empêchait pas d’avoir ce lien si proche et maintenant, rien qu’avec sa présence, elle se sentait un peu moins seule. Le problème, c’était que l’éloignement avait rendu leur lien ténu, si ténu qu’elle n’avait pas vraiment une bonne idée de comment s’adresser à lui, comment lui dire tout ce qu’elle avait sur le cœur. Tout ça à cause de cette petite différence entre eux, qui les avait forcé à se séparer alors qu’ils n’étaient tous deux encore que des enfants. Il lui manquait depuis cette époque, et elle espérait qu’à l’avenir, elle allait réussir à redevenir proche de lui comme elle l’avait été, fut un temps.

Il finit son thé et elle fit de même, avant de légèrement tressaillir lorsqu’il lui prit la main alors qu’elle avait sans même s’en rendre compte recommencé à triturer son annulaire. Visiter la ville ? Elle eut un air un peu confus. Elle même n’avait pas vraiment visité la ville, elle ne s’en était pas donné le temps ni l’énergie. Sortir boire non plus elle ne l’avait pas fait. Elle n’avait pas peur de passer des jours à marcher sous un soleil brûlant avec à peine quelques litres d’eau, mais en revanche, sortir et aller boire un verre seule au milieu d’inconnus, ça, ça la terrifiait. Et elle ne se voyait pas vraiment proposer à John d'aller boire un verre, ni aucun de ses collègues. Elle ne les connaissait pas vraiment. Néanmoins, avec Lemmi, ça serait plus simple. Vraiment plus simple. Ainsi, elle hocha la tête. Il ajouté qu’elle était sa priorité et sans qu’elle sache vraiment pourquoi, elle eut envie de pleurer. Elle se retint néanmoins pour ne pas l’inquiéter et fit bonne figure. « Pourquoi pas, c’est une bonne idée effectivement. Je n’ai pas vraiment pris le temps de faire ça. » Elle se leva, posant sa tasse dans l’évier. « Je vais juste me refaire une beauté et j’arrive, pendant ce temps tu n’as qu’à défaire un peu tes affaires. » Elle se dirigea donc vers la salle de bains, ferma la porte et s’assit sur le rebord de la baignoire, prit une profonde inspiration et laissa ses larmes couler pendant quelques minutes, avant de se passer de l’eau sur le visage, se coiffer un peu mieux et appliquer une toute petite touche de maquillage. Elle retourna ensuite dans le salon, s'éclaircit la voix, et appela son frère. « Lemmi ! Je suis prête, c’est quand tu veux ! »