Beauty is terror
- Intrigue personnelle -
"Memories are made up of moments like this, the choices we make and the chances we miss. One day the memories are all that there is." Remember this - Home Free J’imagine fort bien un vieil aristocrate rabougri, dans un manoir reculé quelque part dans les landes venteuses de Grande-Bretagne, qui griffonne vingt-huit noms sur un parchemin en se targuant de la pureté de leur sang, comme s’il s’agissait d’un titre de gloire. Il devait se frotter les mains en admirant un arbre généalogique affiché sur un mur, témoignage silencieux de siècles d’inceste et de mariages arrangés pour arriver à conserver le pouvoir de l’aristocratie sorcière entre des mains gantées et aux bagues frappées d’armoiries sinistres : si le temps a passé, il est désolant de constater que ce dictat de la pureté du sang et ce registre si mal nommé des Sacrés fait encore office de loi pour beaucoup. Je ne me suis jamais vraiment préoccupé de mon nom de famille : oh, bien sûr, en grandissant, j’ai dû subir ces réunions grotesques où mon père et ses amis se tapaient dans le dos en se gaussant de leur supériorité sur le bas peuple tout en buvant des verres de vin hors de prix, et j’ai probablement bénéficié des faveurs d’un système qui voyait mon nom de famille comme le gage d’une prépotence quasi-divine. Mais dès lors que j’ai rejoins le rang des Aurors et que j’ai fais comprendre à ma famille que jamais je ne me conformerai au mode de vie qu’ils avaient choisis pour moi, et d’autant plus, que je combattrai leurs idéaux éculés qui établissaient une suprématie de leur sang, je ne me suis plus préoccupé de ce titre qui est pourtant le mien. Sang-pur. Quel nom pédant pour désigner une hégémonie fallacieuse.
Il y a des noms de famille, pourtant, qu’il n’est pas aussi aisé de dissimuler que celui des Rowle, connu par les Aurors et les gardiens d’Azkaban, mais pas vraiment du grand public. Le plus teinté par les affres de la guerre est probablement celui de Malfoy, et je ne suis pas celui qui essayera de déterminer si cette réputation est méritée – notamment l’implication de Lucius dans les agissements d’un certain Tom Jedusor. Tout ce que je sais, c’est que Narcissa ne mérite pas d’y avoir été enchaînée. Les années ont passées depuis nos rencontres, enfants, lors de ces même réunions de Sang-purs que j’abhorraient, et notre scolarité à Poudlard où j’admirais mon aînée de loin, sans jamais lui avouer la véritable nature de mes sentiments – je savais qu’ils n’étaient pas réciproques – mais je peux toujours l’imaginer, fidèle à elle-même à part peut-être quelques rides au coin des yeux (je ne suis pas en reste à ce sujet, moi non plus) ; belle, fière, intelligente, une force de la nature, en quelque sorte. Je m’étais fais à l’idée que je ne la reverrais jamais après le procès de Draco. J’étais en paix avec le fait immuable qu’elle avait choisie une vie différente de celle que j’avais rêvé auprès d’elle, et c’est la raison pour laquelle j’ai été surpris de recevoir cette lettre – un appel à l’aide.
Bien sûr, j’avais répondu présent : j’ai beau fuir quiconque me rappelle mon passé et l’homme que j’étais avant la Guerre, écorché à jamais par les traumatismes de la bataille finale, elle… C’est différent. C’est toujours différent, avec son premier amour – et le fait que mes sentiments amoureux se soient effacés au fil des années pour se transformer en une simple affection ne change rien. C’est un lien qui ne pourra jamais se faner, quels que soient les obstacles que la vie peut jeter sur la route. Arrivé aux abords du manoir, pourtant, mon cœur bat la chamade. Je sens mes paumes devenir moites, ma nuque se couvrir d’une fine pellicule de sueur. Le temps a passé, trop de temps, bien que le procès de son fils ne se soit tenu il n’y a que quelques années de ça. Peut-être me rira-t-elle au nez en me voyant aussi affaibli, aussi… vieux ? Je sais qu’elle est plus âgée que moi, mais je ne doute pas qu’elle sera aussi resplendissante que lorsqu’elle était adolescente, à la différence du sac d’os que je suis aujourd’hui. Je ne recule pas, pourtant. Elle a besoin de moi, sa lettre l’a suffisamment laissé entendre, et je serais damné plutôt que de la laisser à la merci de ces étranges phénomènes dont elle m’a fait part – bien que je me demande encore pourquoi me demander à moi, plutôt qu’un autre.
Je pénètre dans la propriété, frappe quelques coups brefs à la porte, et sans surprise, un elfe de maison vient m’ouvrir. Je me présente et attend qu’il me conduise jusqu’à la maîtresse de maison en essayant de masquer ma nervosité : la voilà enfin. Toujours aussi belle, les années ont l’air de n’avoir eu aucune emprise sur elle.
« - Le plaisir est pour moi, Narcissa. Je m’installe à ses côtés dans le jardin d’hiver, qui n’est pas sans me rappeler celui du Manoir Rowle, aujourd’hui laissé à l’abandon dans la campagne galloise. Tu sais que tu peux compter sur moi, je répondrai toujours présent pour te prêter assistance… Bien que j’ai été surpris de recevoir ta lettre, tu peux t’en douter. Que se passe-t-il, exactement ? As-tu contacté un exorciste, comme je te l’ai conseillé ? »
Car je sais parfaitement que je ne fais pas le poids contre un esprit, alors que ma baguette, glissée par réflexe dans ma manche, m’est toujours aussi inutile qu’un vulgaire bout de bois – j’espère qu’elle ne compte pas sur moi pour l’en débarrasser. Comment lui avouer mon incapacité, mon inaptitude à la magie alors même que j’étais réputé pour la puissance et la complexité de mes sortilèges, parmi les Aurors ? Non, je ferai tout pour qu’elle ne voit pas la loque je suis devenu. J’en fais le serment. code by lizzou — img/gifs by TUMBLR — 953 WORDS. |