| | Oswald Prendergast | Be Prepared | |
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Sujet: Oswald Prendergast | Be Prepared Dim 14 Avr - 16:18 | |
| | | | | | | Oswald C. Prendergast | Informations civiles | Nom : L’héritage arbitraire d’une société au fonctionnement patrilinéaire. Le poids d’une histoire dont la longévité est comptée en siècles. La terrible fatalité qui laisse déjà prévaloir la fin tragique du Petit Être toujours agrippé au sein de la mère, par les dents, mordant dans la vie, dans le goût de la chair, des plaisirs qu’il ne connaîtra jamais plus car son nom, maudit, l’en empêchera. Il ne verrait plus la joie, ne tremperait plus ses lèvres dans la douceur du lait chaud; il serait arraché trop tôt, ordonné trop tôt à porter le fardeau d’une génération. Les lèvres, humides, se collent brièvement ensemble alors que la langue se retire vers l’arrière de la bouche. Elle fonce, frappe le palais, tient en stase avant de se reculer brusquement, faisant sauter la deuxième syllabe qui éclate dans la cavité buccale. Puis, finalement, c’est l’attaque, la dure finale, articulée presque en crachant. Prendergast. | Prénom(s) : Elle n’eut rien à dire, la Pauvre Mère, quand le Mâle Cruel s’accorda la décision de donner au Petit Être un poids supplémentaire, celui du nom de son arrière-grand-père, l’architecte de la paix entre les sinueuses branches de l’arbre familial. Oswald, Prendergast, deuxième du nom. La Pauvre Mère voulu donner à son ange un nom bien à lui, mais la barbarie du Mâle la résigna au silence, elle préféra laisser mourir ses mots dans sa gorge déjà serrée de tristesse plutôt que de se risquer à une guerre déjà perdue d’avance.
| Date de naissance : Il hurla sa colère pour la première fois, enveloppé dans de grosses couvertures de laine de mouton, quelque part au nord de l’Irlande libre, loin des violences à l’agonie d’une révolution presque aboutie, le 17 mai 1925. | Âge actuel : Aujourd’hui âgé de soixante-seize ans, il a toujours en lui le feu des révoltés qui a marqué la génération qui le vit naître. | Origines : Ces racines inébranlables qui le lient à la terre d’Irlande sont peut-être bien sa plus grande fierté, malgré toute la douleur, la tristesse qu’il peut associer à l’échec de son existence. Il n’a pour les pères des pères qu’un respect immuable, aussi bien ancré en lui que peut l’être le pieu dans son cœur, fiché là lorsqu’il trahit la famille au nom de la dynastie. | Occupation : Elles ont été nombreuses et variées : une vie longue permet de goûter à tout, de voir se matérialiser des opportunités, de les voir partir en volutes de fumée; Oswald n’en laissa pas une s’enfuir, par peur des regrets. Il s’engagea selon les désirs provoqués par ses idéologies changeantes; il fut l’un des suivants de Tom Jedusor, présent dès les premières années et persuadé par les folies génocidaires de son camarade. Persuadé mais non convaincu, il se dissocia du Seigneur des ténèbres et de ses alliés pour mener une carrière au département des mystères, non sans d’abord servir d’espion pour son ancien ami, le temps que l’affreux soit détruit par un bébé, autorisant Oswald à un semblant d’émancipation du club des parasites. Lorsque la vermine revint mystérieusement à la vie, Prendergast ne répondit pas à l'appel, décidé à ne pas se mêler de nouveau aux folies de ses anciens camarades. Cependant, il dû céder à la fois une grande somme en gallions et son fils illégitime pour être laissé tranquille par l'armée des ténèbres.
Aujourd’hui à la retraite, il s’installe à Atlantis car il n’a jamais aimé être loin de l’action. Il donne occasionnellement des conférences sur le métier de langue-de-plomb et sur son passé de « victime » de l’âge des ténèbres, étant de ceux qui ont évité Azkaban en se déclarant manipulés par Voldemort.
| Alignement politique : Complexe, difficile à définir, mais si on pouvait le résumer en quelques mots accessibles, ce serait pro-magie et progressiste. Bien franchement, la fiche entière pourrait être inclus dans cette section.
Il est pro-magie, mais pas pro sang-pur, il est progressiste, mais à sa manière. Il ne veut pas que les sorciers se replient sur eux-mêmes, qu'ils retournent vivre dans l'ombre, il veut qu'ils prennent le contrôle. |
| Informations Magiques | Statut de sang : Est-ce qu’il s’agit encore d’une fierté ? Il fut un temps où le statut de sang était toute la vie d’Oswald, où la plus grande de ses misères était son refus parmi les Glorieuses, où il ne pouvait regarder un sang-mêlé ou un né-moldu sans ressentir un dégoût profond lui retourner les tripes. Son sang est pur, mais il n’a aucune valeur dans ce monde où la révolution a déjà eu lieu, où la mixité est normale et attendue. Qui est-il, pour venir prôner la supériorité intrinsèque d’une noblesse déjà émasculée, déjà oubliée au profit d’une doctrine basée sur le mérite ? Ceux qui basent leur mérite sur leur natalité sont pathétiques; seul le travail doit être récompensé. Ne croyons pas qu’il délaisse entièrement le statut de sang pour adopter une idéologie bourgeoise. Si les sangs purs ne naissent pas supérieurs, ils naissent avec une responsabilité, celle d’utiliser le peu d’influence qu’ils ont encore pour améliorer leur monde et, si l’on ne peut trouver mieux, la charge de la société devrait leur tomber sur les épaules. Naître sang pur ne devrait pas naître privilégié, mais plutôt naître martyr.
| Baguette : Vingt-six centimètres d’orme taillé avec élégance par les mains du grand Gregorovitch. Un cheveu de vélane lui sert de cœur. Délicate, propre et inoffensive, en vérité trompeuse comme son maître; rigide et teigneuse, presque belliqueuse. Il possède une copie de cette baguette dans un coffre qui ne peut être déverrouillé qu’avec une goutte de son sang. | Patronus : Un grand capteur de rêves blanc se forme, soutenu par des câbles laiteux se collant dans l’air épaissi par l’énergie magique. Large de plusieurs mètres, elle se fait protectrice de son évocateur. La veilleuse dans le vide est une toile d’araignée. Chaque fil est surveillé par le regard inquisiteur d’une toute petite spadassine, prête à mordre au signe le plus bénin d’une vibration sur la toile. | Épouvantard : La masse informe de morceaux rampe à l’aide de ses multiples appendices méconnaissables, elle est boursoufflée de pourriture, la peau est étirée et la chair bleue transparente, on y voit les tripes, la chiasse dans les intestins, les corps entremêlés sont marbrés de sang et de pus, et, écrasé sous plusieurs dizaines de kilos de viande souffrante, la tête d’Austell Prendergast marmonne, les mots glissant des deux côtés de sa langue noircie et enflée, lubrifiée par la bile : « Père… pourquoi ? ». Ces sentences sont ponctuées par les gémissements des autres composantes de la chimère grotesque, qui ne cesse de se remuer dans un spectacle affreux. Il est impossible de relier les têtes à leurs membres. | Miroir du Rised : Lui, plume en main, s’apprêtant à signer un décret quelconque, confortablement assis derrière l’ancien bureau de travail de Kingsley Shacklebolt. | Ancienne école/maison : Serpentard. | Idées Préconçues : Nombreuses, mais pas forcément celles qu'on imagine pour un ancien mangemort (existe-t-il vraiment des "anciens" mangemorts?). Si, plus tôt dans sa vie, il était animé d'une haine étrange contre les sang-mêlés et les nés-moldus, il a aujourd'hui l'intelligence de voir en eux des alliés potentiels contre l'ennemi véritable, le monde moldu. Ainsi, il n'arrive pas à considérer les pro-sang pur autrement que comme des arriérés, des imbéciles aveuglés par des enjeux obsolètes.
La survie prévaut sur tout, la survie des sorciers plus que la survie de son nom, de sa dynastie. Quiconque tente d'améliorer son sort, peu importe les méthodes, mérite son attention; l'ambition est une chose dangereuse et, collectivement, les moldus en présentent énormément. Alors, Oswald surveille attentivement. Si les moldus sont capables de créer des bombes pouvant réduire en miettes des villes entières, que seront-ils capables de faire avec un accès illimité à la magie? Ce qu'il faut comprendre ici, c'est que le moldus ont toujours fait preuve d'une grande ingéniosité, pour compenser de leur absence de talents magiques. Pendant ce temps, les sorciers se battaient entre eux, au nom de la pureté du sang, s'évertuaient à créer des conflits sans intérêts, freinant ainsi leur propre avancée. Il n'y a pas de fierté à avoir un talent naturel lorsque ce même talent est reproduisible par la simple force de l'esprit scientifique. Alors, que faire? Rassembler tous les sorciers, nés-moldus, sang-mêlés, sang-purs, et inverser les rôles, prendre ce qui revient de droit à la race supérieure, avant d'êtres détruits par la force technologique des moldus.
Nous pouvons avoir accès au synthétique en plus de nos pouvoirs naturels, mais eux ne peuvent avoir accès à la magie. Ils sont ordinaires. Qu'est-ce qui nous empêche de prendre ce qu'ils ont? Qu'est-ce qui les empêchent de nous prendre par surprise, de nous attaquer, de nous détruire lorsqu'ils comprendront qu'ils sont effectivement dans une position d'infériorité par rapport à nous, aussi vicieux soient-ils? Le problème, c'est l'absence d'unification dans les communautés sorcières. Tant que nous nous battrons pour la qualité de notre sang, pour la puissance de notre nom, rien n'avancera. Certes, demander à des nobles de travailler pour le peuple revient presque à leur raconter une blague, mais si le patriarche Prendergast est convaincu... pourquoi pas d'autres? |
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Descriptions | Caractère & Informations
Ambitieux, Assertif, Autoritaire, Brillant, Calculateur, Caractériel, Charismatique, Courtois, Cultivé, Déterminé, Éloquent, Égocentrique, Hautain, Manipulateur, Perspicace, Persuasif, Pragmatique, Rancunier, Rigide, Sérieux.
Il prend une variété de médicaments, certains prescrits et d'autres non, contre l'anxiété et la dépression principalement. Il souffre également d'insomnie.
Il se déplace généralement à l'aide d'une canne, bien qu'il n'en ait pas besoin. Il trimballe rarement sa baguette.
Il porte une grande importance à son apparence et juge que la présence physique est tout aussi importante dans le discours que les arguments qui le composent.
Il est en bonne santé physique, cependant il sent que son mental commence à lui faire défaut. Il voyait son intelligence comme sa plus grande arme.
| Opinions sur la Mixité
Voir Statut de sang et Idées préconçues.
La mixité est une chose inévitable, il ne sert donc à rien de tenter de la contrer. Il faut qu'elle soit encouragée et développée au profit du monde sorcier seulement.
| Réputation
Pour la résumer en deux mots, admiration et peur.
L'affiliation passée d'Oswald aux mangemorts est bien connue, son procès ayant été autant médiatisé que celui des autres serviteurs du maître des ténèbres. Cependant, le fait qu'il ait refusé toute alliance avec Voldemort pendant la deuxième guerre des sorciers joue fortement en sa faveur, d'autant plus qu'il a été jugé innocent lors de son procès après la première guerre. Tout le monde n'est pas dupe, et les gauchistes continuent aujourd'hui de salir son nom.
Oswald est également connu pour ses écrits et sa participation au mouvement pro-sorciers. Par exemple, il a fait imprimer et distribuer des milliers de pamphlets s'opposant à la présence des moldus à la dernière Coupe du monde de Quidditch. Une bonne part de sa richesse va à des organisations défendant les droits des sorciers. Occasionnellement, il donne des conférences sur le futur de la société sorcière et comment elle peut résister et évoluer auprès des moldus. Il dit lui-même que son projet de retraite est de s'assurer de poser les bases d'un monde meilleur.
Sa réputation varie donc fortement. Chez les pro-moldus, il est le diable. Chez les pro-sorciers... il est généralement apprécié, sinon déprécié par ceux voyant encore en lui un mangemort. Or, plus le temps avance et plus on oublie ses anciennes affinités avec Jedusor. |
Biographie | Cette section regroupe une version abrégée de la biographie d'Oswald, qui est/sera disponible dans son journal de bord. Ainsi, si certains passages semblent précipités... c'est normal. Les /!\ sont là pour faciliter la tâche du staff; ils indiquent les anecdotes jouant un peu avec le canon de la série. TW indique un Trigger Warning. - Prologue:
La tragédie est la plus grande forme que peut prendre l’art noble du théâtre, peut-être pour ses origines anciennes mais surtout pour être la seule à savoir expier les pêchés, à balayer efficacement les déchets émotionnels que trimballent les mortels. Le rire et la légèreté ne mènent qu’aux méandres de l’alcoolisme spirituel, où tout ce qui compte pour sa victime est de devenir toujours plus ivre du faux, jusqu’à oublier la fatalité de son existence. Mais nous pauvres icares, moucherons attirés par les feux de l’Hadès, pouvons compter sur la tragédie - comme Thésée comptait sur le fil d’Ariane - pour échapper au labyrinthe qui nous amènerait immanquablement à la mort du corps et de l’esprit. Pour être conscient, pour comprendre le monde, nous devons le voir tel qu’il est; impitoyable.
Parricide, inceste, guerre, feu et acier. Notre Histoire est une histoire des plus grandioses, mais n’est pas belle, drôle, ou légère. C’est l’histoire d’un homme qui ne croit plus au destin, convaincu de l’insignifiance de son existence. C’est l’histoire d’un homme à moitié aveuglé par les cataractes de la haine, né non pas avec une destinée mais avec une condition, la condition d’être le premier né mâle d’une famille noble. Et qui dit noble, dit conservatisme, dit égoïsme, dit hypocrisie. Mais lui aura toujours voulu être plus, voir plus loin, sans succès, toujours ramené sur terre par des préjugés qui n’auraient pas été les siens s’il était né ailleurs, s’il n’était pas né dans sa condition.
Il faut distinguer la prédétermination de la condition, car le destin n’existe que dans l’esprit des paresseux. En effet, vous le remarquerez, le mot destin s’extirpe seulement des lèvres des optimistes miséreux, ceux qui tentent de voir dans leur situation pathétique les débuts d’une grandeur qu’ils ne s’efforceront jamais à atteindre eux-mêmes, car ils mettent tout entre les mains d’une force supérieure qui s’occupe d’eux. Par comparaison, la condition est réelle et unique à chacun, aussi immuable que le destin le serait s’il jouissait de caractéristiques tangibles et crédibles. La condition, le milieu, est certes déterminante d’une vie, mais le libre-arbitre n’est jamais entièrement hors de portée.
Le destin, seul réconfort pour ceux qui ont déjà abandonné, sert aussi d’arme à ceux qui veulent contrôler les faibles. S’inventer des fables, se saouler aux paroles des oracles – leurs discours sont si hermétiques qu’on peut leur donner n’importe quelle signification et, pourtant, les pauvres se contentent de prendre comme sens premier celui les plus dégradants; qu’ils sont nés pour échouer ou que la souffrance est nécessaire pour s’élever. Mais, s’il est bien vrai que rien n’existe sans son contraire, que l’on ne saurait définir le bonheur sans le malheur, et vice versa, il est une faute impardonnable d’accepter le malheur, d’accepter la souffrance. Le destin est la pensée des philosophes de bas étage.
- 1892 — 1925, Le Sang:
« En effet peu d’enfants ressemblent à leurs pères Pires sont la plupart, peu deviennent meilleurs » Homère, L’Odyssée, chant II, v. 276-277
Le 13 octobre 1892, la dynastie des Prendergast s’éteignait avec la naissance du premier fils d’Aodhán Prendergast, alors patriarche de la Prestigieuse. Domhnall naquit au Manoir Prendergast, à La Crique, un village camouflé d’Irlande. En tant que premier né, il héritait des avantages patriarcaux, il serait immanquablement chef de famille, pour le meilleur, surtout pour le pire. Au XIXe siècle, la famille Prendergast était encore bien installée dans la communauté magique européenne, toujours en contrôle partagé de l’Irlande; quelques centaines d’habitants avaient fait de La Crique un véritable bastion, entouré de murs à la fois physiques et conjurés, qui servait de demeure aux maîtres de la région. Vérité est, cependant, que les affres de la mort secouaient déjà le corps crevant de la famille avant même cette naissance. Il serait injuste, voire méchant, d’inculper au nouveau-né tout le poids d’être la cause de l’échec de la dynastie; certes, les derniers souffles de la Prestigieuse seraient conséquence des actions de Domhnall, mais elle soufflait, souffrait, s’essoufflait déjà sous Aodhàn. Il n’aurait jamais dû être patriarche. On ne l’avait pas conditionné à une vie de dirigeant, on l’avait plutôt préparé à servir son frère, héritier légitime, à lui servir de bras droit comme le sont traditionnellement les deuxièmes nés. Aodhán, n’ayant jamais eu le devoir décisionnel et n’ayant pas l’esprit d’initiative, laissa sa femme prendre la charge de mener les Prendergast. Domhnall fut délaissé par ses parents et mis à la charge d’un précepteur malicieux. Il n’apprit rien. Il fut battu à maintes reprises aux poings, puis au bâton; il n’apprit pas mieux. Trop insouciant pour mener, penser par lui-même, Domhnall était affecté par la même tare que son père. Il était écrit dans son code génétique qu’il était homme de main; il fut serviteur d’Aleister Crowley, de Grigori Raspoutine et de Gellert Grindelwald, les plus grands sorciers sombres de la fin du XIXe siècle à la première moitié du XXe. Contrairement aux respectables de ce monde, il ne tenta pas de s’émanciper, il suivit aveuglement le fil conducteur dressé par la vie et les circonstances. Tout comme son père, Domhnall ne connaissait pas l’ambition. Il n’avait aucune difficulté à la voir chez les autres et à être inspiré par eux, mais jamais il ne puisa dans ses propres idées, jamais il ne cultiva ses horizons. Il ne connut jamais ses propres ambitions, mais alimenta celle des autres. Il devint un haut prêtre thélémite, reçu un tableau animé de Raspoutine et offrit une grande quantité de ressources au mouvement de Grindelwald. Le 17 mai 1925, le premier enfant de Domhnall Prendergast naissait dans le manoir familial à La Crique, dans la chambre des maîtres, où il avait été conçu par nécessité. Oswald hurla de colère, aveuglé à son contact avec la lumière, lui qui ne connaissait que la noirceur maternelle. Le monde fit la guerre à ses sens, il eut froid pour la première fois, il souffrit jusqu’à ce qu’on l’enveloppe dans des couvertures épaisses, mais l’engelure ne serait jamais oubliée. Son père le prit dans ses bras et l’amena à la fenêtre qui donnait sur la place publique de La Crique. Il jetait un regard sur le ciel assombri car il espérait y voir la guidance, un indice pour aborder ce qui viendrait après l’accalmie. Dans son ventre, un nœud s’était formé en récupérant toutes les particules libres de son organisme. Il souffrait, il était marqué par une peur dont il ne pouvait trouver l’origine. Cette chose qu’il tenait entre les bras, qu’allait-il en faire ? Et maintenant qu’il était père, qu’il tenait son remplaçant entre ses doigts, qu’adviendrait-il de sa position, de sa chance, de sa condition ? Pour la première fois, il se posait des questions, pour la première fois, il ne pouvait ignorer le présent, pour la première fois, il y avait une ancre qui le retenait dans l’immédiat, cette créature qui s’époumonait, qui ne ressemblait à rien, qui n’était rien encore.
- 1934, Les Ongles — 9 ans:
« On lui porta sa grâce, comme il n'attendait que le coup de la mort ; mais la peur l'avait tellement saisi, qu'il n'avait plus de connaissance, et il mourut peu de jours après. » Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves, première partie. « Sors, va jouer, fous moi la paix. » Les mots de Père étaient rudes, secs, prononcés comme s’il faisait froid dans sa bouche, comme si son cœur était occupé ailleurs, ce qui était probablement le cas, car il était méchant depuis le réveil. Le garçon ne savait pas pourquoi, aucune raison en tête expliquait le manque de tact de Père, mais il y était habitué. C’était probablement parce qu’il lui avait encore posé une question. C’était toujours les interrogations qui mettaient Père hors de lui; il n’aimait pas chercher les réponses. Mais, cette fois, la demande était simple : il lui avait demandé de réparer un jouet, un modèle d’argile difforme et tentaculaire, qui représentait un animal magique qu’il ne connaissait pas et qui ressemblait vaguement à un chien écailleux déguisé en hydre. Le modèle d’argile était rond, d’apparence grasse, comme si le chien était mort noyé. Sa tête avait été arrachée. Oswald l’aurait réparé lui-même, s’il avait eu une baguette. Son précepteur, Pétrichor Fortuna, lui avait promis d’apprendre à catalyser sa magie lorsqu’il atteindrait l’âge vénérable de dix ans; mais, encore ce matin, son visage rond et rose trahissait sa jeunesse. Il avait neuf ans. Un jour son visage s’allongerait. Il ne fallait jamais faire dire les choses deux fois à Père; Oz sortit du manoir Prendergast, les yeux baissés sur son pauvre jouet, les sourcils froncés de colère, corps d’hydre dans une main, tête de chien dans l’autre. Il était souvent mis à part, même avec ses petites sœurs. On disait qu’il n’avait rien à faire avec les filles, pas avant qu’il ait l’âge de se marier, et, comme ses sœurs ne lui servirait jamais ainsi, il n’était pas attendu de lui qu’il passe du temps avec elles. De toute façon, elles le repoussaient, rien de plus naturel; les petites filles n’aiment pas les petits garçons et elles aiment encore moins leurs frères. Même Maman le ségrégait; il devait jouer avec les garçons du village seulement, ou passer du temps avec Monsieur Fortuna, parce qu’un bon patriarche doit être bien éduqué. Maman lui proposait toujours son aide, mais elle était malade, alitée, et, quand Oswald posait des questions, le visage de Père se durcissait et Monsieur Fortuna baissait les yeux. Souvent, il rouspétait et se chamaillait, comme tous les enfants délaissés. La seule personne qu’il appréciait vraiment était son professeur. Il lui était donc venu naturellement d’aller réclamer son aide pour recoller la tête du Chien. Il quitta la place du manoir et prit la route principale pour rejoindre le quartier résidentiel. Oswald, seul, traversait son village natal, suivant les chemins de terre battue de peur de tomber sur une libellule sournoise cachée dans les hautes herbes mouillées. Le garçon, pour son âge, était petit et, d’ordinaire, pleurnichard. On parlait de lui, derrière les portes fermées à clés, comme d’une peste qui avait besoin d’une leçon, préférablement enseignée à coup de latte de bois. Cependant, tous le respectaient comme on respecte un prince. Un barbare serait surpris, à venir à La Crique, de voir que des hommes braves et des duellistes accomplis se pliaient à la volonté d’un enfant de neuf ans. Là est toute la beauté de la noblesse légitimée. Le garçon trottait, regardait toujours ses pieds, ce que lui reprochait souvent Père, parce que Père avait des idées bizarres sur ce qui constituait une « personne forte ». Si on regarde au sol, on ne peut pas tomber, se disait Oswald. Donc, il ignorait ses alentours. De toute façon, il en avait déjà assez de faire comme on lui disait lorsqu’il était en présence de sa famille. Quand il était seul, il était libre de faire ce qu’il voulait. Il avait déjà vu le village quatre cent fois, il n’avait donc plus besoin de chercher les détails dans le décor, il cherchait plutôt les libellules. À destination, il soupira de soulagement. Aucune libellule ne l’avait attaqué, Dieu merci, il pouvait relever la tête maintenant. Il avait atteint la chaumière de Monsieur Fortuna, deux minutes à pieds avait suffi. Il quitta le petit sentier pour emprunter le chemin de dalles qui menait à l’entrée de la maison, une chose de bois impossible qui tenait probablement par magie. Elle était petite et modeste, à l’image de son propriétaire; c’était la seule habitation du village qui n’était pas soumise à un charme d’agrandissement. Monsieur Fortuna n’avait pas besoin d’une grande maison, n’avait pas besoin de s’inculper une grandeur qu’il ne possédait pas car, pour lui, la grandeur ne se mesurait pas, ne se portait pas comme un blason, elle Était, existait en tant qu’essence de l’homme; elle dictait ses actions. C’est en restant humble parmi les fiers qu’on lui accordait un respect timide. On ne montrait pas son admiration envers lui, peut-être car le jugement des gens éduqués faisait peur, peut-être aussi car il était si différent des autres villageois. Néanmoins, à sa rencontre, les habitants ne l’exposaient qu’à des sourires effacés, cachant derrière leur indifférence apparente une sympathie inavouée. Arrivé à la hauteur de la porte d’entrée, le garçon toqua et releva les yeux, émerveillé comme toujours par les angles impossibles que prenait le bâtiment. La porte ouvrit, derrière elle se présenta un vieillard, le précepteur du garçon, qui le regardait avec un air à la fois tendre et confus. « Maître Oswald ? » Et le petit, la lèvre inférieure tremblante, présenta son jouet à Fortuna, se permettant, pour une fois, de montrer ses sentiments; une, puis deux larmes flattèrent ses joues, son menton, son collet. Il tenta de parler mais ses supplications firent naufrage, perdues dans les vagues violentes de ses pleurs. « Allons, ne pleurez pas – il ne faut pas pleurer, pas pour ça, non, un coup de baguette suffira – entrez, Maître Oswald, nous prendrons le thé, nous discuterons, vous aurez votre jouet… mais ne pleurez plus. » Vous me fendez le cœur, pensa l’enseignant. PetrichorLa bruine frappait le sol et les bactéries, éclaboussées d’eau, rejetaient une odeur terreuse qui grattait l’intérieur des narines de tous ceux qui se tenaient dehors à ce moment. Oswald ne comprendrait que bien plus tard l’insulte commis par le ciel à son ancien précepteur lorsqu’il fut mis en terre. Les mémoires, floues, secouées, il n’y avait plus accès. Que s’était-il passé? Les griffes, les dents, la peau tombante sur le corps du monstre. Il se rappelait son lit, du plafond qu’il observait, il ne pouvait s’endormir – ou se réveiller, il ne savait plus –, il se rappelait la tension sur ses couvertures, puis de la paralysie, de la terreur alors que la chose rampait jusqu’à lui, sur lui. Il se rappelait des grattements incessants, qui le suivait partout. Il les entendait en provenance de l’intérieur des murs, sur les fenêtres au quatrième étage, il les entendait partout où il était impossible qu’ils soient. Devenu insomniaque, il avait espionné une conversation entre son père, sa mère et Fortuna; on y avait évoqué une hantise. Une chose innommable, se nourrissant de la peur, tourmentait le petit. Oswald l’avait vue, une femme âgée et nue, se déplacer à quatre pattes comme une bête sauvage dans la forêt derrière La Crique. Il l’avait vue et n’aurait jamais dû. Fortuna, dans ses recherches, découvrit que la seule manière de sauver le garçon d’une mort lente et horrible était de trouver une nouvelle victime pour la créature. Le vieux précepteur fit alors ce que le père même du garçon ne voulut faire. Il se sacrifia. Aujourd’hui, c’est tout ce dont se rappelle Oswald. Ainsi, l’un de ses premiers actes en tant que patriarche a été d’assurer la protection éternelle de la famille Fortuna, en guise de reconnaissance pour les actes de son ami.
- 1940, La Langue — 15 ans /!\:
/!\ « Que vois-je autour de moi, que des amis vendus // Qui sont de tous mes pas les témoins assidus, // Qui choisis par Néron pour ce commerce infâme // Trafiquent avec lui des secrets de mon âme ? » Jean Racine, Britannicus, Acte I, Scène IV. « On se revoit demain, Tom ? » Il hocha la tête, lentement, vers le haut, vers le bas, la releva. La séance était officiellement levée. Malgré tout, les garçons attendaient Tom, cloués sur leurs sièges. Jamais on n'agissait avant lui, toujours attendait-on qu'il fasse le premier pas. Enfin, l'adolescent poussa sur les accoudoirs, se redressa et marcha, machinalement, seul, vers la sortie. Les souffles retenus se lâchèrent lorsqu'il referma la porte derrière lui. Autour de la table ronde, les langues se déliaient, les épaules se relâchaient. On respirait, les esprits se réveillaient, la scène s'animait. Ils étaient une douzaine, tous des garçons, âgés entre 11 et 17 ans, vêtus de robes vertes et argent. On ne voyait là qu’un club de jeunes comme il y en a autant dans les institutions scolaires. Au fond, c’était bien ce qu’étaient au départ les Chevaliers de Walpurgis : des enfants, des intérêts communs. Ils s’imaginaient spéciaux, uniques, plus que ce qu’ils étaient vraiment. Jeunes adolescents au syndrome d’invincibilité un peu trop prononcé. Encouragés par un chef hors pair, ces gosses de riches allaient devenir des tueurs, des terroristes, des armes. À cet instant, ils étaient Selwyn, Carrow, Black, Yaxley, Malfoy, Lestrange – Prendergast, mais pas pour longtemps. Bientôt, ils se verraient réduits à un seul nom commun. Mangemort. Les Chevaliers de Walpurgis, bien qu’ils répondaient à un nom de groupe, se considéraient comme des individus. Ils ne portaient pas encore de masques, ils ne se vêtissaient pas encore de longues toges noires, ils n’évitaient pas encore de s’appeler par leur nom. Qu’était-il donc arrivé à ces fiers individus, eux qui accordaient au nom et au sang une importance démesurée, pour qu’ils abandonnent leurs convictions, pour qu’ils combattent dans l’ombre au nom d’un sang-mêlé au pseudonyme ridicule ? Qu’était-il arrivé ? La même chose qu’aux bellatores, qui devinrent la noblesse de robes; la même qu’aux loups, qui devinrent chihuahuas. Une émasculation, un apprivoisement. Il ne s’agissait pas de convaincre Narcisse de cesser d’admirer son reflet, bien au contraire : il fallait plutôt s’assurer qu’il soit le plus confortablement installé possible pour regarder son portrait. Il fallait lui fournir un siège, de la nourriture, de l’eau, tout ce dont il avait besoin pour prospérer, pour vivre pleinement son désir de s’aimer jusqu’au bout. Cependant, dans le processus, Narcisse ne se rendrait jamais compte d’à quel point il devenait dépendant de ses aidants, de vous, qui le manipuliez, qui le preniez dans votre toile. Voilà ce qu’on fit aux bellatores, voilà ce qu’on fit aux loups, voilà ce qu’on fit aux Chevaliers de Walpurgis. Lorsqu’Oswald se réveilla et comprit l’absurdité de ses actions, il était déjà trop tard pour quitter le groupe. La guerre était déjà bien entamée, il avait déjà fait trop de mal. Il travaillait néanmoins à son compte, il visait à s’enrichir toujours plus grâce au conflit. Il détestait le masque, il détestait la marque sur son bras gauche. Tout ça, ce n’était pas lui, ce n’était pas ses ambitions. C’était celles de Tom Jedusor, certes, mais également celles de son père. Toute sa vie, Domhnall Prendergast avait été un serviteur pour des sorciers plus grands que lui. Oswald, en devenant patriarche, s’était juré de faire un meilleur travail que son paternel. Alors, pourquoi était-il là, à se plier sous les ordres d’un supposé Seigneur des Ténèbres ? La fin de la guerre fut pour lui un grand soulagement. Il put ainsi se consacrer à ses propres affaires. Mais, à quinze ans, assis à la table ronde avec les autres Chevaliers de Walpurgis, il ne soupçonnait encore rien. Il avait dû se retenir de rire lorsque, quelques minutes auparavant, Tom Jedusor avait demandé, pour la première fois, à être appelé « Voldemort ».
- 1948, Le Cœur — 23 ans:
« Je ne sais plus ce que je suis ; mais depuis quelque temps je sens ma poitrine agitée ; mon cœur palpite au seul aspect d'une femme ; les mots amour et volupté le font tressaillir et le troublent. » Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte I, Scène 7.
Trois semaines déjà, à se débattre tel un diable dans l’eau bénite, à éviter aujourd’hui comme la peste. Sans surprise, le destin l’avait rattrapé dans sa fuite : aujourd’hui était le « grand » jour. Je suis malade, disait Oswald. Elle est malade, disait sa famille à un Domhnall impatient. Il fallait se rendre à l’évidence; les deux promis ne voulaient se rencontrer. Le jeune héritier n’était nullement intéressé par les femmes. Il passait la majorité de son temps avec des anciens camarades de Poudlard, des Chevaliers devenus Mangemorts, parmi lesquels ne comptaient que des hommes. Hésitant toutefois à s’intéresser plus profondément à ces garçons, il s’était convaincu de son asexualité; les filles ne lui frôlaient jamais l’esprit. Qu’aujourd’hui son père le forçait à rencontrer sa promise ne lui plaisait pas du tout. Il avait la tête ailleurs, la tête à la guerre, à laquelle une femme ne pouvait contribuer. Tant qu’il ne pourrait être patriarche, tant que son père vivrait encore, il serait un guerrier, un Chevalier de Walpurgis. Une femme, des enfants, tout ça ne lui servait à rien. Le poids du nom Prendergast ne reposait pas encore sur ses épaules, la dynastie ne dépendait pas de ses décisions, de ses opinions, de ses alliés et de ses ennemis. Ils allaient, lui et son père, à un théâtre quelconque de Dublin, pour y voir jouer la future Dame Prendergast. Oswald comprit que cette soirée n’était ni à propos de lui, ni à propos d’elle; c’était une soirée d’affaires. Il n’était pas question de « faire connaissance », de savoir si elle lui plaisait, s’il lui plaisait. Le choix de leurs parents était déjà fait depuis longtemps, largement en fonction de ce que leur mariage pouvait leur apporter. Le jeune homme aurait préféré qu’on ne tente pas de faire passer cette rencontre pour autre chose qu’une simple transaction. On parlerait d’argent, de dot, on parlerait d’eux comme du bétail. Quel enfant moderne n’aime pas être traité comme une marchandise par ses propres parents ? Domhnall avait fait une erreur, une erreur encore plus grande que celles qui avaient pourries la dynastie Prendergast; il avait fait d’Oswald une créature fière, un golem animé par l’orgueil, pour qui le maître est l’ambition et la colère. Il refusait d’être utilisé, il refusait qu’on lui manque de respect ainsi. Cette femme ne serait pas la sienne, non, jamais. Oswald, la curiosité réveillée par la nouvelle qu’elle était une artiste, ne demanda pas à son père quel était le talent de la jeune femme. Le vieux cochon ne savait certainement pas; il savait ce qu’elle lui coûterait, il savait comment elle l’enrichirait. C’était bien suffisant. Que faire de ses talents, de ses goûts, qu’elle ait l’air d’une déesse ou d’un marécage remué par la pluie ? Austell Prendergast naissait un an après. Il avait été conçu dans l'amour.
- 1959, L'Estomac — 34 ans:
Coupé pour le JdB lol.
- 1965, Le Sexe — 40 ans — TW:
TW: Viol IncesteSilence. Le motif sur le mur. Déchiré par la noirceur, tendu par le silence. Le silence. Oswald était assis à son bureau, dans les ténèbres, éclairé par la flamme diminutive d’une bougie. Le mur, le motif sur le mur : un visage, non, une gueule, celle d’un chien, celle de son petit chien, une tête… Manquante. Silence. Il fixait son âme en morceaux, les morceaux flottant dans l’air de minuit. Ils étaient là, ils naviguaient la vase, une armée d’asticots, vibrante. S’il pouvait les prendre, les dévorer, il le ferait sans dégoût. Manquant. Il observait toujours, tendu par le silence. La gueule, la tête de chien, le motif déchiré sur le mur. Le petit chien aboyait. Il ferma les yeux pour ne plus le voir, mais il hurlait toujours sa souffrance, le déchirement, la tête manquante. La flamme de la bougie dansait, poussée par une brise discrète, celle de la fenêtre entrouverte. Il ouvrit les yeux, l’apparition cette fois était découpée par la lumière. L’hypnose cessa et, brusquement, Oswald regarda à sa gauche tout en activant le mécanisme de son bras. Dans sa table de chevet, il tâta, attrapa un pot de médicaments. Confus, silencieux. Il fixait, perdu, les deux petites pilules qui frétillaient dans sa main rouge sang.
La flamme. Celle qu’il avait vu dans les yeux de son plus proche conseiller, celle porteuse de son message. Elle l’effrayait, il souffla la bougie et mordit ses pilules dans la noirceur. Peu à peu, sur le mur, l’apparition canine revenait, mais les médicaments la chassèrent. Alors, seul dans les ténèbres, seul avec le message de la flamme, le message de la tête de chien, il pleura. Entre les griffes, la pluie et le cœur, il ne savait où donner de la tête. Le museau à l’affût, il attendait le pétrichor, qui ne vint jamais. Mais son âme, les morceaux, les asticots, revinrent à leur place, dans son crâne fermé. --- Austell avait seize ou dix-sept ans, Oswald ne savait plus. Il était une bête sauvage, comme tous les Prendergast l’avaient été avant lui. Le garçon ne faisait qu’à sa tête. Père et fils se faisaient mutuellement honte. Même si la mésentente entre les hommes d’une même famille est une chose des plus naturelles, celle opposant Oswald à son héritier futur frôlait au minimum l’animosité et au maximum la haine. Le patriarche avait découvert que son fils voyait en secret une jeune sorcière de sang-mêlé, une certaine Blavatsky. Quand l’homme avait compris que l’expression distante d’Austell signifiait plus qu’une absence d’esprit, il entreprit un stratagème singulier; il lui offrit une bague aux couleurs des Prendergast, affirmant que ce bijou était donné aux futurs patriarches lorsqu’ils atteignaient l’âge de régner sur la famille, typiquement seize ans. Oswald avait enchanté cette bague, qui lui servit d’outil d’espionnage sur son fils. Quelques écoutes silencieuses suffirent à confirmer les doutes de l’homme; la jeune Blavatsky était plus qu’une simple aventure pour l’adolescent. Ils s’enfuiraient, se marieraient. Pendant plusieurs mois, Oswald combattit contre son fils et ses intentions. Il vint à l’évidence que jamais il ne serait patriarche, jamais il n’aurait l’intérêt ou la capacité à diriger les Prendergast. Jamais son propre fils ne participerait à sa dynastie. --- Elle n’avait jamais été bien fertile et, aujourd’hui, elle était presque quarantenaire. Sa femme ne lui avait donné qu’Austell et il avait cru, à tort, qu’un seul garçon aurait fait l’affaire. Il s’était trompé. Pendant un bref instant, il songea à se remarier, mais il oublia l’idée, par amour. Il lui fallait un garçon, le plus pur des Prendergast, le plus propre représentant de sa race. Elle lui avait déjà offert un détraqué, il ne tenterait pas le diable une deuxième fois. Il avait besoin d’une certitude que la créature qu’il enfanterait serait la bonne, car, bientôt, il serait trop tard pour élever un héritier. Il lui fallait un enfant d’une autre femme, une femme dont il pourrait se débarrasser. Ensuite, il légitimerait le bâtard et sa femme l’élèverait comme s’il était sien. --- Son plan fermentait dans son cœur. Il fut pris d’ivresse, aveuglé par ce qu’il voyait comme une nécessité. Dans sa folie, l’homme crût que les atrocités qu’il commettrait se justifiait par l’excuse du destin; il était naturel d’en arriver là, dans sa situation, dans sa condition. Il se convainquit ainsi de se refuser toute forme de culpabilité. Il faisait alors une grave erreur, celle de croire qu’il n’était pas maître de ses actions, qu’il était obligé par les circonstances. Jamais le milieu ne force à agir, mais agir en fonction du milieu est généralement attendu. Il aurait pu faire autrement. Il travaillait au département des mystères depuis déjà presque vingt ans, plus précisément dans la salle de l’amour où il étudiait les fonctionnements de cette forme ancienne de magie. Là, il avait accès peut-être au philtre d’amour le plus puissant du monde sorcier. L’idée d’en voler quelques gouttes lui parut particulièrement judicieux. En effet, sans ce philtre, jamais sa propre sœur n’aurait accepté de s’offrir à lui. ---
Silence. Le motif sur le mur. Déchiré par la noirceur, tendu par le silence. Le silence. Oswald était assis à son bureau, dans les ténèbres, éclairé par la flamme diminutive d’une bougie. Le mur, le motif sur le mur : un visage, non, une gueule, celle d’un chien, celle de son petit chien, une tête… Manquante. Silence. Il fixait son âme en morceaux, les morceaux flottant dans l’air de minuit. Ils étaient là, ils naviguaient la vase, une armée d’asticots, vibrante. Frétillante, pourrissante. Manquant. Il observait toujours, tendu par le silence. La gueule, la tête de chien, le motif déchiré sur le mur. Le chien hurlait à la lune. Il ferma les yeux pour ne plus le voir, mais il criait toujours sa haine, le déchirement, la tête manquante. La flamme de la bougie grandissait, alimentée par une brise sèche, celle de la fenêtre grande ouverte. Il ouvrit les yeux, l’apparition cette fois était découpée par la lumière. L’hypnose cessa et, brusquement, Oswald regarda à sa gauche tout en activant le mécanisme de son bras. Dans sa table de chevet, il tâta, attrapa son pot de médicaments. Confus, silencieux. Il fixait, perdu, la quinzaine de pilules qui frétillaient dans sa main rouge sang. La flamme. Celle qu’il avait vu dans les yeux de son plus proche conseiller, celle porteuse de son message. Elle l’effrayait, il souffla la bougie et porta sa main à sa bouche. Peu à peu, sur le mur, l’apparition canine revenait, il se bloqua. Alors, seul dans les ténèbres, seul avec le message de la flamme, le message de la tête de chien, il pleura et laissa tomber les pilules au sol. Entre les griffes et la pluie, il ne savait où donner de la tête. Le museau à l’affût, il attendait le pétrichor, toujours absent. Mais son âme, les morceaux, les asticots, revinrent à leur place, dans son cœur éclaté.
- 1974, Les Os — 49 ans:
Réservé pour le JdB lol
- 1979, La Bile — 55 ans:
« Les injures redoublèrent, pendant que le mort, étendu sur le dos, regardait, immobile, de ses grands yeux fixes, le ciel immense d’où tombait la nuit. Cette terre, tassée dans sa bouche, c’était le pain qu’il avait refusé. Et il ne mangerait plus que de ce pain-là, maintenant. » Zola, Germinal, Partie V, Chapitre 6. Fergal avait été la pire erreur de sa vie jusque-là. L’adolescent avait plus en commun avec les fauves qu’avec les hommes, il ne vivait que pour lui et pour les plaisirs primitifs de l’existence; ainsi, il ne semblait pouvoir assimiler une quelconque éducation, il était d’une intelligence limitée. Oswald ne l’avait jamais ramené au manoir, ne l’avait jamais présenté à sa femme comme son bâtard. Il avait tu l’existence de ce secret qui lui faisait honte. Il ne parlait presque pas, il ne s’intéressait à rien si ce n’est à une vieille encyclopédie des créatures magiques. Mais comme la bête n’avait jamais réussi à apprendre à lire, il ne se contentait que des images, bien qu’il demandât parfois à sa mère de lui lire des passages. Oswald commença très tôt à voir Fergal comme un symbole plutôt que comme un héritier. Le fils était l’incarnation de l’arrogance et de la colère du père, ses fautes prenant vie. Il était donc naturel pour le patriarche de s’assurer que Fergal reste caché. Il ne pouvait s’occuper d’une chose telle que lui. Malheureusement, Marigold Prendergast ne pouvait s’occuper de son fils. Les quelques gouttes du philtre d’amour avaient brisé son esprit; elle pourrissait dans une vieille chaise de son salon, aidée par ses serviteurs, qu’elle ne semblait plus reconnaître. Alors, rapidement, elle fut oubliée, délaissée par ses employés qu’elle ne pouvait payer. Oswald ne fit rien pour la protéger, il avait trop peur qu’elle parle. Il attendit quelques années et, juste avant les treize ans de leur fils, il la fit interner à Sainte-Mangouste. Fergal, reconnu comme un bâtard de Marigold, pensé comme étant l’enfant d’un serviteur ayant abusé de la dame catatonique, gagna donc officiellement le nom Prendergast. Oswald l’envoya dans une famille vassale, pour y être élevé. Il se retrouvait de nouveau à la case départ. Austell et Isadora lui avait donné deux petits-enfants, Ghrystal et Aldabella, qu’ils éduquaient en retrait du monde qui les avaient vu naître. Oswald ne les voyait presque jamais. Il perdait peu à peu l’emprise qu’il avait sur la famille. La nuit, assis à son bureau, conseillé par la tête de chien, il ne voyait qu’une seule conséquence à son inaction; la fin de sa dynastie. Alors, il devait encore une fois employer les grands moyens, avec cette fois la certitude de parvenir à ses fins. Il avait besoin de Ghrystal et Aldabella. Un monde avec des sang-mêlés à La Crique était meilleur qu’un monde où La Crique est désertée. Ses petits-enfants devenaient une nécessité, ses enfants un problème. Fergal, heureusement, était coincé chez les Podmore, là où il ne risquait pas de se mêler à la course pour le trône Prendergast. Austell, lui, se positionnait volontairement contre son père. Cependant, Ghrystal et Aldabella étaient toujours malléables, le premier n’avait encore qu’onze ans. Il devait se les approprier, éloigner leurs parents le plus possible, pour assurer le futur de la famille. À force d’hypothèses et de calculs, il vint à une conclusion, un résultat qui pourrait lui être favorable si sa théorie était la bonne. Des risques étaient impliqués. Il fallait que son fils et sa femme disparaissent. Et il aurait besoin de Fergal. Il se présenterait à son second fils et lui dévoilerait ses origines, son statut d’héritier. La créature, ensuite, ne pourrait s’empêcher de vouloir prendre le trône pour elle-même. Il serait donc simple de la convaincre de déchirer la famille, en éliminant son propre frère de l’équation. Le plan était de lui faire capturer Austell et Isadora, puis de les menacer de faire du mal à Ghrystal et Aldabella s’ils ne se pliaient pas à la volonté des Prendergast. Ils devraient s’exiler, laisser leurs enfants derrières eux, et Austell devrait prendre le nom de sa femme. Oswald recueillerait ensuite ses petits enfants chez lui, où il ferait de Ghrystal un grand patriarche. Il n’avait pas encore terminé d’imaginer la disparition d’Austell et Isadora qu’il complotait déjà pour se débarrasser de Fergal. La solution la plus facile était d’utiliser Ghrystal pour l’éliminer, lorsqu’il serait bien sous son emprise. Avant de transplaner vers la demeure Podmore, il prit deux comprimés. ---
Anxieux, il regardait l’horloge grand-père qui résidait dans le coin du boudoir. Les aiguilles crochues cliquaient, frottaient légèrement sur la plaque où était indiquées les heures. Lui, il attendait, perdu dans le lieu du crâne où les pensées n’osent pas s’aventurer. Vide, absent, ses nerfs optiques captaient que le temps avançait sur l’horloge, mais l’information ne se rendait pas à sa conscience. Il baignait là, dans la vase, où les asticots résidaient, vibrants et puants. Fergal devait les ramener ici, là, dans le boudoir du manoir. Il les ensorcèlerait, leur ferait peur, puis, une fois leur conscience retrouvée, ils se sentiraient pris d’un besoin urgent de s’enfuir, de disparaître pour toujours. Ils ne se rappelleraient ni de lui, ni de Fergal. Un vide. Et s’il avait eu tort? Sa dynastie était-elle si importante qu’il devait oser agir contre sa propre descendance? Un jour, son portrait serait accroché dans le hall des patriarches. Il ne voulait pas être le dernier, il ne voulait pas décevoir ses ancêtres. Il prit deux comprimés. La famille. Qu’est-ce que la famille? Qui prévaut? Ceux venus avant soi, ou ceux que l’on enfante? Les standards maintenus depuis presque un millénaire pouvaient-ils être bafoués pour l’unique raison qu’il n’avait su trouver un héritier convenable? Il avait un mauvais pressentiment, assez puissant pour le sortir de sa léthargie. Il n’aurait jamais dû envoyer Fergal. Il le savait, il n’avait jamais voulu de lui, pour la même raison qu’il ne pouvait se regarder dans le miroir. Il voyait un monstre, il était un monstre, une bête sauvage assoiffée de sang, de confort royal et de plaisirs gras. On ne pouvait lui faire confiance. Il devait intervenir. Mais comment? Comment localiser Fergal, comment localiser Austell et Isadora? Il transplana, à direction de la demeure de son fils, dont il avait appris l’existence à l’aide de divers stratagèmes de divination. Malheureusement, ils n’y étaient pas. Il aurait voulu les avertir, leur dire de s’enfuir, leur avouer ce qu’il avait fait. Fergal n’était pas là non plus. Alors, toujours plus inquiet, il retourna au manoir de La Crique. --- « Père, j’attendais, c’était long. »Fergal l’attendait dans le boudoir, debout devant l’horloge grand-père. Au pied de la petite table centrale, là où on prenait normalement le thé, gisait un grand sac à ordures opaque. Oswald, s’avançant vers son fils, observa longuement le sac. De profondes coupures déchiraient le visage et les bras de son garçon, signe qu’il avait transplané. Il était un sorcier médiocre, sans finesse, qui préférait plutôt la force brute à la précision. Il n’avait jamais reçu son permis de transplanage, mais ce n’était pas la loi qui lui dicterait quoi faire… ni quiconque. « Où sont-ils, Fergal? »Le jeune adulte pivota lentement, arborant un sourire fier qui semblait se moquer de son père, qui n’avait pas voulu comprendre une évidence. Puis, lentement, il leva le bras, le doigt, et pointa le grand sac au sol. « Là. »
- 1982, Les Yeux — 58 ans:
« Bien entendu, je savais que, nous aussi, nous prononcions, à l'occasion, des condamnations. Mais on me disait que ces quelques morts étaient nécessaires pour amener un monde où l'on ne tuerait plus personne. » Camus, La Peste. Oswald n’avait pu cacher longtemps ce qui s’était réellement passé à sa femme; il affirma que Fergal était devenu fou de jalousie. La réaction de celle qu’il aimait plus que tout au monde le désola encore autant que l’annonce de la mort d’Austell et Isadora. Elle n’était plus la même, elle ne mangeait plus, elle se laissait mourir peu à peu. La seule chose qui l’animait était des crises de colère immenses dirigée vers Oswald, qui n’avait su protéger sa famille. Elle lui reprochait sa rudesse, d’être resté inflexible plutôt que d’avoir tenté d’intégrer sa descendance à leur monde de noblesse. Elle ne sut jamais que Fergal était le bâtard de son mari. Oswald, lui, voyait la tête de chien plus souvent, elle le suivait partout. Lorsqu’il se couchait dans son lit, elle apparaissait entre lui et sa femme, les gardant à une distance saine pour les empêcher de se toucher, de se réconforter dans leur deuil. Et, entre les deux corps froids des Prendergast, la tête saignait, noircissait les draps blancs. L’homme ne dormait plus, il fixait la gueule, ne touchait plus à ses médicaments dans la table de chevet. Il ne pouvait plus se cacher d’elle. Il devait la regarder en face, souffrir comme il le devait. La condition de sa femme détériora sans cesse, brisée par l’amour qu’elle portait à son grand garçon. Bientôt, elle ne parla plus, ne bougea plus. Elle s’asseyait sur le balcon de leur chambre, fixait la distance nuageuse de l’Irlande. Elle pleurait sans un bruit. Un soir, Oswald vint la chercher, il faisait froid, pour qu’elle puisse se réchauffer à l’intérieur. Et, là, au plus haut niveau du manoir Prendergast, elle était morte, encore plus glaciale qu’elle l’avait été dans les mois précédents, encore plus raide encore que lors de ses crises de colère. Depuis, Oswald dormait seul avec la tête de chien.
- 1995, Le Cerveau — 70 ans:
Réservé pour le JdB lol
- Aujourd'hui:
Il avait eu raison d'avoir peur. Maintenant, le secret était levé, la folie magicotechnologique s'animait et les moldus avaient une position beaucoup trop avantageuse à son goût. Heureusement, Jedusor était sortit de l'équation. Maintenant, c'était à son tour d'agir. Il s'installa à Atlantis dès les débuts, participa à la fécondation de l'embryon d'idées qu'était Magic is Might. Une guerre s'amorçait, il serait prêt à agir, à assurer la survie de son peuple face à la vanité des non-magiques.
Aujourd'hui, il est prêt de l'action.
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À propos du joueur... | | Prénom ou pseudo : Mork | Âge : 24 ans | Célébrité sur votre avatar : Jeff Bridges | De quelle manière avez-vous trouvé le forum ? Je me souviens plus :’) | Avez-vous lu le topic dédié aux nouveaux joueurs (ici) ? Oui oui |
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Signature du Règlement | Pour connaître les règles du forum, pour les respecter et ainsi pour vous garantir une bonne expérience de jeu avec nous, nous vous demandons de lire le règlement en suivant ce lien et d'inscrire ici votre engagement à le suivre. Je m'engage à suivre le règlement de Catharsis et à accepter les conséquences qui résulteront du non-respect de ce dernier, s'il y a lieu. J'inscrirai ici mon pseudo pour prouver cet engagement : Oswald Prendergast |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Dim 14 Avr - 16:31 | |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Dim 14 Avr - 16:31 | |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Dim 14 Avr - 16:32 | |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Dim 14 Avr - 18:34 | |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Lun 15 Avr - 2:40 | |
| Bienvenue! Je sens que je vais adorer ce personnage! |
| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Lun 15 Avr - 4:29 | |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Lun 22 Avr - 5:50 | |
| OH BAH MOI J'AI HATE DE LA SUITE |
| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Lun 22 Avr - 5:52 | |
| Bienvenue sur le forum |
| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Jeu 25 Avr - 14:24 | |
| J'ai hâte de lire la suite Mork Et je suis content de te compter à nouveau parmi nous |
| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Mar 30 Avr - 9:45 | |
| BIENVENUE. ENFIN. (Moi qui ne t'ai jamais lu, j'attends que ça depuis des mois, je suis comme un puce ) |
| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Dim 5 Mai - 19:13 | |
| Oh mama ta plume Bienvenue par ici, hâte de pouvoir enfin RP avec toa ! |
| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Lun 27 Mai - 11:48 | |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Mar 16 Juil - 22:34 | |
| == RP TEST == Une perte de temps. Il est fâché, amer, encore une fois oublié, ses paroles encore une fois bafouées. Il est jugé, peint comme un débile, un crieur d’élucubrations. Il est ignoré, dégoûté, la haine lui gratte la gorge, elle tente de sortir, s’exclamer en un Bombarda, anéantir ceux qu’il appelle amis, ces idiots fanatiques, suceurs du seigneur des ténèbres. Mais il la tient en laisse, sa langue; il ne dit rien. Tout ce qu’il voit derrière eux, derrière les rieurs, c’est la tête de chien qui sourit, qui, sur un ton sentencieux, le qualifie de lâche. C’en est assez. Il doit agir. Il doit partir.
1981.
Tom Jedusor est un imbécile, il a trop lu d’horreur gothique, il a trop lu d’occulte, tellement fait semblant, qu’aujourd’hui il demande qu’on l’appelle Voldemort sans se foutre de sa gueule. Et, pour servir le petit seigneur, des petites personnes, des sortes d’esclaves avec une fierté démesurée, qui pensent sincèrement que le plus grand danger pour les sorciers sont d’autres sorciers. Ceux là ne voient pas le vrai danger, celui que lui il voit depuis si longtemps, depuis 1945, depuis qu’il a un cerveau, depuis qu’il a réalisé qu’il veut laisser sa marque dans le monde magique. Il avait pensé, naïvement, qu’ils étaient ses alliés, qu’ensemble ils feraient quelque chose pour leur communauté. Mais non. Paroles bafouées, ignorées, dégoûtées, grattées dans sa gorge. C’en est assez, il doit agir, il doit partir, mais comment on dit à monsieur Voldemort qu’on en a marre ? Oswald passe en revue ses options, s’arrête non pas sur les mangemorts mais sur les aurors. Les aurors et ses talents d’occlumens. Il allait planifier sa sortie de scène, déserter cette guerre enfantine pour mieux préparer la prochaine.
Le Hall des Patriarches.
Il est long, très long, mais pas très large. Sur les deux très longs murs, il y a presque vingt tableaux, tous à l’effigie des anciens chefs de la famille Prendergast. Certains sont animés, d’autres non. Oswald est assis à un bureau, juste en face de son propre tableau, à qui il parle occasionnellement, pour lui apprendre à être lui-même, de façon convenable. Ce soir, il ne lui parle pas, il l’a couvert d’un rideau pour éviter la conversation. Le clair de lune et la bougie éclairent tout deux la table de travail, d’un joli amalgame de bleu et de rouge. Un grattement déchire le silence mortel du manoir. Sa plume danse sur son parchemin, il prend des notes, pour ne rien oublier. Il doit commencer du début, ne pas omettre ou modifier ce qui est connu de tous, ou de trop de gens. Tout le monde sait qu’il est allé à l’école avec Tom Jedusor. Enfin. Beaucoup le sait.
Alors, il conserve son affiliation avec les Chevaliers de Walpurgis. Tout le monde sait aussi qu’il donne de l’argent à des causes pro-sorcières, particulièrement pro-sang pur. Alors, il conserve. Ce n’est pas bien compliqué, jusque-là. Cependant, il vient un moment où il doit trouver comment s’innocenter, du moins paraître moins vilain aux autorités. Car, quand on le capturerait, on l’interrogerait, on le placerait sous véritasérum, on le couplerait à un legilimens qui tenterait de dénicher tous ses horribles secrets. D’avance, donc, il modifie ses souvenirs. Le processus de base est simple, du moins pour une personne moyennement intelligente. Le plus difficile, c’est de ne pas causer d’incohérences et de résister à l’attaque d’un adversaire.
Les Souvenirs.
Sont une chose curieuse. Premièrement, ils changent d’eux-mêmes au cours d’une vie, on oublie des détails, on en invente d’autres, on s’attribue parfois le rôle d’un autre, et vice-versa. On les place trop tôt dans la petite enfance, dans les mauvais lieux, avec les mauvaises personnes. Ils sont parfaitement malléables, même sans talent en occlumencie. La leçon? Si on croit assez fort que quelque chose nous est arrivé, on peut bien se convaincre soi-même et ne jamais avoir besoin de la magie pour se protéger. Le mensonge fonctionne d’une manière similaire; plus l’on garde ses supercheries près de la réalité, plus elles sont en sécurité, plus elles deviennent réelles pour les autres et pour soi-même. Deuxièmement, les souvenirs ne sont pas passifs mais bien en interaction constante avec le monde qui nous entoure. Certains ressurgissent lorsqu’une certaine occasion se présente, par exemple la mémoire de votre grand-mère peut vous revenir lorsque vous entrez dans le département des soins palliatifs d’un hôpital moldu. Les stimuli sont un danger pour un occlumens, car ils font remonter en surface certaines choses qu’un legilimens peut détecter. En fait, un bon interrogateur est justement capable de « retourner » les mémoires de quelqu’un de façon à en déloger de nouvelles, qui peuvent être incriminantes. La leçon cette fois? Modifier ses mémoires, mais pas trop, car un cerveau n’est jamais à l’abri de lui-même.
Il mise sur une implantation simple, mais bien suffisante; l’implication qu’il ait été placé sous impero par un mangemort, sous les ordres de Voldemort. Ce faux souvenir s’installe confortablement dans la ligne du temps de son esprit, entre deux événements eux bien réels; les premiers meurtres revendiqués par les mangemorts et la déclaration de guerre du seigneur des ténèbres. Ainsi, il s’innocente des violences de la guerre, mais pas d’avoir eu des idées en commun avec l’armée des vilains. Ce qui, en soi, se rapproche beaucoup de la vérité.
Les procédures.
Idéalement, sont faites à l’aide d’une pensine. Les souvenirs extraits peuvent êtres placés dans le corps aqueux de la bassine, réarrangés, réexaminés s’il le faut. Imaginons l’artefact comme la table de travail d’un artiste; il facilite beaucoup la tâche, mais n’est pas obligatoire. Malheureusement, les Prendergast n’ont plus de pensine depuis longtemps. Alors, les procédures sont effectuées à l’air du Hall des Patriarches, les filaments tenus en stase pendant qu’Oswald, en trance, réécrit sa grande histoire d’horreur. Il commence d’abord par passer au peigne fin chacune de ses mémoires, dans le but de trouver des références à d’autres souvenirs dans celles-ci. Il navigue sa propre pensée comme on navigue une encyclopédie, d’articles en articles, d’événements en événements, pour ne rien oublier, ne rien laisser à la vue des aurors. On peut croire que l’implantation du faux souvenir est la plus importante des procédures, mais c’est faux; il faut plutôt miser sur les détails, insérer des références à l’implantation à l’intérieur d’autres réminiscences en plus d’effacer les potentielles contradictions.
Le travail d’un bon occlumens ne s’arrête pas à l’élaboration d’une implantation crédible et la justesse des détails, loin de là. Comme dit précédemment, la mémoire n’est pas passive, elle est en interaction constante avec le monde. Il doit utiliser cette caractéristique à son avantage, pour éviter qu’elle ne soit utilisée contre lui lors d’une attaque mentale. Après avoir développé ses nouveaux souvenirs dans le Hall des Patriarches, il se donne toujours au moins une semaine pour pouvoir les retravailler en fonction des stimuli de la vie quotidienne. Donc, en plus de l’implantation et des détails, il ajoute également des conditions de déclenchement à ses souvenirs. Ainsi, si un matin il sort dans un certain café, reconnait une certaine odeur et une certaine serveuse, il prend en note ces informations dans son esprit pour pouvoir, une fois de retour à la maison, ajouter ces éléments à son script. Si l’escroquerie est bien exécutée, l’interrogateur tombe sur la mémoire du café, ce qui déclenche le souvenir de l’implantation; le legilimens croit alors avoir accédé à une information cachée.
La sortie de scène.
Oswald prit près d’un mois à retravailler ses mémoires à l’aide de l’occlumencie avant de se laisser attraper par les aurors lors d’une bataille nocturne avec ses compagnons. Malgré le degré de risques de ses opérations, il était convenablement confiant; on l’arrêta, l’interrogea, tomba dans le piège, on l’innocenta avec réticence. Tous voulaient voir le patriarche Prendergast pourrir en prison, personne ne croyait une seule qu’il n’avait pas commis tous les crimes dont on voulait l’accuser. Ils avaient raison, certes, mais, depuis, Oswald a encore plus renforci ses faux souvenirs, d’une telle façon qu’il ne se rappelle lui-même plus de la vérité.
Octobre 1981.
Disparu, le seigneur des ténèbres. Une surprise, en soi, surtout à cause des circonstances, tué par un bébé. La guerre est terminée, les procès débuteront bientôt. Pendant ce temps, lui, confortable, installé au manoir Prendergast, prépare ses nouvelles magouilles, sa propre guerre, celle contre les moldus. Pour l’instant, il doit garder le silence, histoire qu’on l’oublie un peu, qu’on commence à croire qu’il est vraiment innocent. Il sait que les aurors le surveille toujours, il sait aussi qu’ils sont trop fanatiques de la loi pour lever ne serait-ce que le petit doigt contre lui. Il n’y a pas de victoire dont il est plus fier.
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared Ven 19 Juil - 15:01 | |
| | Bienvenue, cher habitant ! | Tu es dès à présent validé, le jeu se trouve désormais à portée de main !
Il te reste néanmoins quelques formalités importantes à finaliser afin de te garantir une évolution sans accroc dans l’univers de Catharsis. Tout d’abord, pense à aller réserver ton avatar dans le bottin, à compléter le recensement de Catharsis et à signaler ton nouveau personnage dans registre des comptes multiples si nécessaire. Il est aussi utile de te créer un journal de bord pour garder le fil de tes aventures, ainsi qu’une fiche de liens pour décrire tes relations avec les autres. Enfin, une boîte aux lettres permettra de te contacter facilement IRP, et une demande de logement signalera ton arrivée à tes voisins ! Enfin, il est utile de faire référencer ton activité professionnelle dans le registre des métiers, où tu pourras également proposer des jobs aux étudiants si tu as besoin de petites mains. Dernière chose, n'oublie pas de nous rejoindre sur le serveur Discord qui regroupe les membres de Catharsis pour discuter avec la communauté !
Bon jeu ! |
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| Sujet: Re: Oswald Prendergast | Be Prepared | |
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| | Oswald Prendergast | Be Prepared | |
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